Panne de Montparnasse : "le gouvernement surveille de près la SNCF, il y a une sorte de mise sous tutelle"

La ministre des Transports, Elisabeth Borne, a demandé lundi au PDG de SNCF Réseau, Patrick Jeantet, de lui présenter "d'ici la fin de la semaine" une "nouvelle organisation et un nouveau management de la gestion des grands travaux".
La ministre des Transports, Elisabeth Borne, a demandé lundi au PDG de SNCF Réseau, Patrick Jeantet, de lui présenter "d'ici la fin de la semaine" une "nouvelle organisation et un nouveau management de la gestion des grands travaux". © BERTRAND GUAY / AFP
  • Copié
A.D , modifié à
D'après deux spécialistes des réseaux ferroviaires, la panne de dimanche à Montparnasse résulte d'un laisser-aller sur le réseau pendant des années. Que ne laisse désormais plus passer le gouvernement.

Après une nouvelle panne géante survenue dimanche en gare de Montparnasse, la ministre des Transports Elisabeth Borne, demande à la SNCF de revoir son organisation et son management. L'incident rappelle la paralysie totale du trafic durant trois jours l'été dernier. Pour expliquer la récurrence des problèmes, Marc Fressoz, journaliste spécialiste du réseau ferroviaire pour le site Contexte.com et Christian Broucaret porte-parole de la Fédération nationale des usagers des transports, étaient les invités d'Europe midi.

"Ce n'est pas la faute à pas de chance". Dans ces incidents à répétition, Marc Fressoz évacue d'entrée le facteur hasard. "Ce n'est pas la faute à pas de chance mais à une politique longtemps orientée vers la construction des lignes à grande vitesse (LGV) au détriment des réseaux existants", indique-t-il. Il souligne cette fois que la panne s'est produite lors "de travaux pour permettre davantage de circulation sur le réseau Montparnasse vers l'Ouest et notamment permettre à plus de TGV de passer. Or, un branchement s'est mal passé en milieu de journée et aucun train n'a pu circuler à partir du milieu de la journée." La malchance est aussi écartée du côté de Christian Broucaret, qui dénombre d'autres incidents, à Saint Lazare la semaine dernière mais aussi en province. "C'est significatif d'un état général du réseau", dit-il, ajoutant néanmoins que la sécurité des personnes n'a pas été remise en cause.

"Une sorte de mise sous tutelle". Ces problèmes, notamment dus à un manque d'entretien du réseau pendant des années, sont suivis avec attention par le gouvernement. "On voit que la ministre des Transports surveille de très très près les dirigeants de la SNCF. Il y a quelques temps, c'était Guillaume Pépy (PDG de la compagnie, ndlr.) qui a été convoqué au ministère pour présenter un plan d'amélioration après le grand bug de cet été. C'est la ministre des Transports qui a fait le communiqué, alors qu'on sait que la communication est un peu le fort de Guillaume Pépy. Donc, là, il y a une sorte de mise sous tutelle", affirme le journaliste spécialisé, rappelant au passage que Guillaume Pépy qui était "dans l’œil du cyclone" ne s'est pas exprimé après les perturbations du week-end. "C'est le patron du réseau (Patrick Jeantet) qui a été convoqué ce matin par la ministre", précise-t-il.

Mais quoi qu'il advienne de ces rendez-vous en hautes sphères, du côté des travaux, Christian Broucaret présage "7 à 10 ans" encore difficiles, notamment pour que les entreprises extérieures qui interviennent sur le réseau "montent en niveau".