Les annonces se veulent rassurantes, mais la méfiance est toujours de mise. L'Agence européenne des médicaments (EMA) a estimé mercredi que si les caillots sanguins devraient être répertoriés comme effet secondaire "très rare" du vaccin AstraZeneca contre le Covid-19, les bénéfices l'emportent sur les risques. Mais la méfiance s'est installée chez beaucoup de Français et les conclusions de l'OMS et l'EMA ne semblent pas les rassurer. Certains font tout pour être vaccinés avec une dose de Pfizer ou de Moderna, même lorsqu’ils ne sont pas éligibles.
"On n'a pas voulu prendre ce risque"
C'est le cas d'Isabelle. Cette femme d’une cinquantaine d'années était éligible au vaccin AstraZeneca mais a eu peur de ses possibles effets secondaire. Elle s’est donc arrangée avec le centre de vaccination de sa rue, qui n’injecte que du Pfizer. "Le responsable du centre m’a dit de m’inscrire sur Doctolib et de dire que j’avais des comorbidités plus sévères pour passer le barrage d’accès. Donc j’ai pris rendez-vous et j’ai eu ma première dose Pfizer le 28 mars", témoigne-t-elle au micro d'Europe 1.
Même son de cloche du côté de la mère de Florence, qui était sur la liste de son pharmacien pour recevoir une dose d’AstraZeneca. A 72 ans, elle a préféré décliner et attendre de pouvoir recevoir une dose du vaccin Pfizer ou Moderna. "Ma mère a 72 ans, elle a des problèmes de coagulation. Les problèmes dont on entend parler au sujet de l'AstraZeneca correspondent parfaitement aux problèmes qu'elle peut avoir. On n'a vraiment pas voulu prendre ce risque." En attendant d’être vaccinée, elle continue à limiter au maximum ses sorties.
Les médecins rassurent leurs patients
Cette méfiance a des conséquences dans les cabinets des médecins, qui ne vaccinent qu'à l’AstraZeneca. Un rendez-vous sur dix est annulé, indique Jacques Battistoni, le président du syndicat des médecins généralistes de France.
Et il doit rassurer tous ses autres patients. "Les gens nous demandent si les effets indésirables sont fréquents, ce à quoi on répond qu’ils sont exceptionnels. Et on leur met en perspective le risque d’attraper la maladie. Ça prend toujours quelques minutes dans une consultation, mais en général on arrive à obtenir l'adhésion des patients." Malgré tout, aucune dose d’AstraZeneca ne lui reste sur les bras. Sa liste d’attente est tellement longue qu’il trouve toujours des patients volontaires.