Des imams français, mais aussi venus d'autres pays européens, ont lancé samedi à Paris une "marche contre le terrorisme" qui doit les mener en car en Allemagne et en Belgique, appelant à "ne pas associer les musulmans aux crimes commis au nom de l'islam".
"Lancer un mouvement d'ampleur." Ils ne sont qu'une trentaine au départ des Champs-Elysées, "symbole de l'union nationale" et théâtre d'un récent attentat djihadiste, mais espèrent "lancer un mouvement d'ampleur en Europe", ont-il expliqué à la presse. "Notre message est clair: on ne peut pas associer l'islam à ces barbares et ces assassins" qui tuent au nom d'Allah, a déclaré l'imam Hassen Chalghoumi, à l'initiative de cette marche, soutenue par l'intellectuel Marek Halter.
Entouré d'une trentaines d'imams venus de différentes régions de France mais aussi d'Italie, du Portugal ou de Belgique, il a appelé "la société civile à la mobilisation" alors que les attentats djihadistes ont fait ces dernières années des centaines de victimes en Europe et que "7.000 jeunes sont partis en Irak ou en Syrie".
Une initiative critiquée. Connu pour ses prises de position contre l'islam intégriste et ses rapports d'amitié avec la communauté juive, qui lui valent critiques et menaces, l'ancien imam de Drancy (Seine-Saint-Denis) est largement rejeté par les responsables musulmans.
Interrogé sur l'absence de fidèles au lancement de cette "marche des musulmans" et sur le rejet de son initiative par le Conseil français du culte musulman (CFCM, organe représentatif et premier interlocuteur du gouvernement), Hassen Chalghoumi a "refusé d'entrer dans une polémique", relevant qu'il fallait interroger les motivations de ceux qui "critiquent l'initiative d'une marche contre les barbares".
"Il ne me représente pas du tout." Descendant l'avenue des Champs-Elysées, une jeune femme, musulmane, s'est arrêtée par curiosité : "Chalghoumi ? Il ne me représente pas du tout. On a tous souffert du terrorisme, mais cette marche, on n'en n'a jamais entendu parler".
L'imam de Lisbonne, David Munir, a lui salué "une initiative historique en Europe" : "Certaines personnes commettent des crimes au nom de l'islam, nous sommes ici pour dire 'pas en notre nom'. Pas pour dire que l'islam est une religion de paix, ce que vous savez, mais pour dire que nous cherchons ici notre identité, une identité européenne". D'autres ont appelé le gouvernement français à "prendre ses responsabilités" car "les idées extrémistes se nourrissent du malaise social qui existe dans nos banlieues".
Passages à Berlin et Bruxelles. Cette "marche" débute et s'achèvera (le 14 juillet) en France, où vit la plus importante communauté musulmane d'Europe avec plus 3,5 millions. La délégation d'imams se rendra en car dans différents lieux marqués par des attentats : Berlin, Bruxelles, Saint-Etienne-du Rouvray, Toulouse et Nice.