Des centaines de piétons, cyclistes et poussettes devraient se rassembler samedi après-midi pour "sauver les berges" piétonnes rive droite au cœur de Paris, mesure chère à la maire PS Anne Hidalgo qui vient de signer un nouvel arrêté pour la pérenniser.
Les berges, un "espace de respiration". "On va faire une manif' de poussettes", a indiqué Olivier Blond, qui coordonne le collectif de 12 associations ayant appelé au rassemblement. "Nous voulons dire 'Non au retour des voitures sur les berges', en insistant sur le fait que les enfants sont particulièrement vulnérables à la pollution de l'air, avec de nombreuses conséquences sur leur santé", déclare-t-il. Les "berges sont un espace de respiration, nous voulons qu'elles le restent", ajoute le président de l'association Respire, également à l'initiative d'une pétition qui avait recueilli vendredi soir plus de 32.000 signatures.
Performances artistiques et fanfare. Ce "rassemblement convivial" intitulé Sauvons les Berges, avec performance artistique et fanfare et que les organisateurs veulent apolitique, est prévu de 15 heures à 17 heures entre les ponts Marie et Louis-Philippe. Quelques prises de parole seront organisées à 16 heures, dont celle d'Anne Hidalgo et de Corinne Lepage, l'ancienne ministre de l'Environnement qui avait porté en 1996 la loi de lutte contre la pollution de l'air.
Il va faire beau ! Manif samedi à 15h : Venez nombreuses et nombreux pour dire non au retour des voitures sur les berges ! #SauvonsLesBerges#paris@respireassohttps://t.co/sLAPpCYCbBpic.twitter.com/DbTCOWn9cN
— Olivier Blond (@OlivierFJB) 9 mars 2018
Une mesure phare du mandat d'Hidalgo. La maire de Paris devrait à nouveau défendre la mesure qui lui est chère de piétonniser au nom de la lutte contre la pollution de l'air la rive droite de la Seine, dont les berges sont classées au patrimoine mondial de l'Unesco. Voitures, motos, scooters : tous les véhicules motorisés sont interdits sur 3,3 km de la voie Georges-Pompidou, du quai bas de l'entrée du tunnel des Tuileries (Ier arrondissement) à la sortie du tunnel Henri-IV (IVe).
Anne Hidalgo peut s'affirmer soutenue par un sondage Ipsos - réalisé du 2 au 6 mars à la demande de la mairie de Paris - montrant que 55% des Parisiens sont favorables à la piétonnisation et 66% approuvent sa politique de réduction de la voiture en ville, qui "va dans le sens de l'Histoire", a-t-elle commenté.
Une bataille juridique. La berge a été officiellement interdite aux voitures le 21 octobre 2016 par arrêté municipal. Ce dernier, ainsi qu'une délibération du Conseil de Paris portant sur l'aménagement de l'espace, ont été annulés le 21 février par le tribunal administratif de Paris pour des "inexactitudes" dans une étude d'impact et des références inadéquates à certains articles de codes.
La maire a annoncé jeudi avoir signé "un nouvel arrêté en tenant compte de ce qu'a dit le tribunal", pris "en concertation avec l'État et le préfet de police de Paris". Il porte cette fois-ci, non plus sur la pollution de l'air, mais sur la "protection des sites" classés et la "valorisation du site à des fins esthétiques et touristiques". Selon la Ville, cela ne nécessite ni "nouvelle concertation ni nouvelle enquête publique".
Un conflit entre la mairie de Paris et la région. Cette piétonnisation fait l'objet depuis des mois d'une polémique sans fin sur les bouchons, le bruit ou l'air pollué, entre Paris, la banlieue, les automobilistes, les écologistes, les élus, etc. Elle a donné lieu à une véritable bataille de chiffres entre mairie et la Région Ile-de-France présidée par Valérie Pécresse (LR), partie prenante du recours judiciaire contre la fermeture des voies à la circulation routière. Valérie Pécresse, qui a appelé vendredi l'Etat à intervenir, a récemment proposé un scénario alternatif, rejeté par la Ville, avec la mise en place d'une voie dédiée à la circulation des voitures à faible allure, avant piétonnisation totale en 2021.