Une enquête pour "violences aggravées par la circonstance qu'elles ont été commises à raison de l'orientation sexuelle ou de l'identité de genre" a été ouverte mardi après-midi après l'agression dimanche d'une femme transgenre, en marge d'une manifestation contre le président algérien Abdelaziz Bouteflika, place de la République, à Paris.
Coups de poing
Les faits se sont déroulés dimanche soir. Ils ont été filmés par un téléphone, dont la capture d'écran a été partagée sur Twitter par un coordinateur national de l'association Stop Homophobie, Lyes Alouane. On y voit une femme transgenre être agressée sur les marches de la bouche de métro de la place de la République, dans le 10ème arrondissement de Paris.
Un homme lui ébouriffe d'abord les cheveux. Elle tente de s'expliquer avec lui. Une jeune femme l'agrippe alors par le bras pour, semble-t-il, la dissuader d'aller au contact, comme d'autres personnes présentes durant cette vidéo. Mais la femme transgenre décide alors d'aller confronter son agresseur, qui réplique par de violents coups de poing. Sur la vidéo, on distingue également un homme lui asséner un coup de pied. Les forces de l'ordre de la RATP interviennent à ce moment-là et mettent à l'écart la victime.
Agression transphobe.
— Lyes Alouane (@Lyes_Alouane) 2 avril 2019
Nous sommes bien en plein @Paris, à République.
Une honte pour notre pays.
Une honte pour le drapeau auquel vous pensiez faire honneur.
#Transphobies
@stop_homophobie
@FVauglin@ACORDEBARD@Prefet75_IDFpic.twitter.com/GbD6bBG5dt
Les hommes du GPSR (Groupe de protection et de sécurisation des réseaux RATP) auraient interpellé une personne. Le parquet a de son côté indiqué à plusieurs médias qu'une personne avait été placée en garde en vue et relâchée lundi.
La victime se dit "salie"
Auprès du HuffPost, elle a raconté la scène : "Je voulais prendre le métro. Là, trois hommes m’ont bloqué le passage et l’un d’eux m’a dit : 'Hé, mais t’es un homme toi !'. (…) J’ai tenté de les éviter, mais ils m’ont retenu en disant que je devais répondre à leur question. L’un d’eux m’a alors touché la poitrine en s’étonnant que j’ai effectivement des seins. J’ai dégagé sa main en lui disant de ne pas me toucher. Il a alors sorti son sexe et m’a demandé de 'lui faire du bien'. J’ai voulu partir et remonter les escaliers."
"Le plus traumatisant ce n’est pas les coups ou la douleur, mais l’humiliation. C’est ça qui est le plus dur à gérer. C’est un choc psychologique, je me suis sentie salie", raconte-t-elle au site. Elle indique également que les agents qui l'ont secourue ont tenu des propos sexistes : "Même avec eux j’ai été humiliée. Ils m’ont appelée 'Monsieur', puis m’ont demandé pourquoi j’étais sur la place de la République pendant cette manifestation, vu les dangers que cela pouvait comporter pour moi. Ils m’ont ensuite dit 'il ne faut pas s’habiller comme ça, Monsieur', sous-entendant que si je n’avais pas mis ce short, je n’aurais pas été agressée."
Une plainte déposée mercredi
"Chacun devrait pouvoir se déplacer librement dans l'espace public quel que soit son sexe ou son genre. Cette vidéo montre que ce n'est pas le cas et qu'il y a encore beaucoup de progrès à faire", a indiqué à l'AFP Joël Deumier, président de SOS Homophobie.
Le coordinateur de l'association, Lyes Alouane, a expliqué au Parisien que la vidéo avait été envoyée sur la boîte mail de l'association, qui va prendre en charge les frais d'avocat lié à la plainte déposée mercredi par la personne agressée, prénommée Julia.
La maire du 10ème arrondissement a annoncé avoir saisi la police, tandis que d'autres responsables politiques ont dénoncé cette agression, avant l'ouverture de l'enquête confiée à la police du 3ème arrondissement.
Très choquée par cette agression #transphobe place de la République, j’apporte tout mon soutien à la victime. J’ai signalé les faits au commissariat de police de #Paris10 : les agresseurs doivent être poursuivis. https://t.co/vD3kApdSE8
— Alexandra Cordebard (@ACORDEBARD) 2 avril 2019
Cette agression manifestement transphobe en plein Paris est inadmissible !
— MarleneSchiappa (@MarleneSchiappa) 2 avril 2019
Que les auteurs soient identifiés et poursuivis en justice.
Les #LGBT+ phobies ne sont pas des opinions mais de la bêtise et de la haine.
Elles agressent et tuent. https://t.co/vbSL2h6kIH