Plusieurs milliers de personnes ont défilé lundi à Paris dans les différents cortèges organisés. En fin de matinée, ils étaient quelques centaines à avoir répondu à l'appel de la CDFT pour "faire barrage au Front national". En parallèle, des militants anarchistes ont entamé une marche dans le 19ème arrondissement "contre le fascisme et le capitalisme". Ils ont ensuite rejoint la place de la République vers 13h30 pour se joindre au défilé de l'intersyndicale CGT-FO-FSU-Solidaires. Des heurts ont éclaté lors du regroupement. Quelque 150 personnes cagoulées ont affronté les forces de l'ordre. Trois CRS ont été blessés par des cocktails molotov.
Sous le soleil mais refroidis par le vent, plusieurs milliers de personnes (4.800 selon une première estimation de la police) ont quitté le Vieux-Port de Marseille vers 11h derrière des drapeaux CGT, mais aussi FSU, Solidaires et Sud. Au mégaphone, les militants syndicaux ont appelé les manifestants à célébrer ce "troisième tour social", "notre deuxième tour à nous". Des centaines de manifestants de La France Insoumise étaient présents, comme Isabelle, professeur de lettres et histoire de 46 ans, venue de Vitrolles (Bouches-du-Rhône). "Je ne viens pas toujours défiler le 1er mai, mais là je pense qu'il faut faire vivre la vague insoumise", a-t-elle expliqué, ajoutant : "le 7 mai ce sera sans moi".
A Nantes, au moins 4.000 personnes ont défilé derrière une banderole proclamant "En finir avec les reculs sociaux qui font le terreau de l'extrême droite". Le cortège de tête de l'intersyndicale CGT-FSU-Solidaires a été rejoint par des groupes anarchistes et des opposants à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes en queue de cortège. La CFDT a appelé de son côté à un rassemblement pour "faire barrage au Front national en allant voter", devant le château des ducs de Bretagne.
Le syndicat de Laurent Berger, qui a appelé à voter Macron le 7 mai, a pourtant défilé avec les autres organisations à Lille. Christine Carlier, secrétaire générale de l'union locale CGT, a expliqué cette exception : "historiquement, à Lille, il y a une intersyndicale solide, on travaille ensemble". 1.300 personnes ont manifesté dans la capitale du Nord selon la police, en dépit d'une météo maussade, contre 950 en 2016.
A Bordeaux, ils étaient plus de 4.000 selon la CGT, 3.500 selon la police. "Pour nous, le 1er mai, c'est l'occasion de dire 'ni l'un, ni l'autre'. Le fascisme est toujours pire que Macron mais gauche et droite utilisent le FN depuis 30 ans comme un épouvantail pour conserver le pouvoir. On refuse ce chantage et de voter Macron !" a assuré Thomas, étudiant.
Même son de cloche à Toulouse, où 6.000 à 15.000 personnes (selon la police et les organisateurs) ont défilé sous les cris de "tout le monde déteste le FN". "On subit une tentative de récupération de la part du FN", a expliqué Anthony Cano, un "insoumis" de 40 ans, "mais il y a un cordon sanitaire entre nous, nous serons des ennemis politiques à tout jamais". Georges Lorente, 64 ans, un militant Lutte Ouvrière déterminé à voter blanc, tenait une pancarte "pas de banquier, pas de fille de tortionnaire". "Aujourd'hui, on se demande si les gens ne sont pas anesthésiés", a fustigé de son côté Monique Semulué, 67 ans, qui avait voté Chirac en 2002 et appelle à se rallier encore derrière la cause de "la République".
A Lyon, à l'appel de la CGT, quelque 5.000 personnes selon la préfecture du Rhône, 8.000 selon les organisateurs défilaient à la mi-journée de la place Jean Macé (7ème arrondissement) à la place Bellecour (2ème arrondissement), tandis que la CFDT ne rassemblait que 250 manifestants.
La présidentielle était peu présente dans les revendications du cortège à Strasbourg, qui comptait de 1.800 personnes (selon la police) à 4.000 manifestants, défilant sous une pluie fine, derrière une banderole proclamant "Résistance!".