Le Conseil de Paris a voté mardi le triplement de la surtaxe sur les résidences secondaires dans la capitale, contre l'avis de la droite, qui a dénoncé un "matraquage fiscal".
"Un matraquage fiscal" ? "Personne ne peut accepter que nous ayons autant de logements vides à Paris alors que nous avons tant besoin de logements pour les familles", a lancé Ian Brossat, l'adjoint PCF au logement de la maire PS Anne Hidalgo, en proposant cette mesure qui était attendue et sera appliquée dès cette année. Socialistes, écologistes et Parti de gauche ont également voté pour. En revanche, les Républicains ont dénoncé un "matraquage fiscal".
Un gain de 43 millions d'euros ? Le Conseil de Paris a ainsi voté le passage de 20% à 60% d'une surtaxe de la taxe d'habitation pour résidences secondaires dans les zones tendues. Paris a choisi de voter la hausse maximum prévue par cette mesure rendue possible lors du vote du budget 2017 à l'Assemblée nationale. Cette augmentation, destinée également à lutter contre le nombre grandissant des meublés touristiques type Airbnb, qui raréfient l'offre locative traditionnelle, pourrait rapporter 43 millions d'euros, selon une estimation de la Ville. Paris comptait 107.000 résidences secondaires en 2014, contre 75.000 en 1999 (chiffres Insee).
Faire baisser les prix d'au moins 20%. En évoquant la "situation grave" du marché du logement à Paris où "l'offre n'est pas suffisante", le groupe communiste a indiqué qu'il fallait aller encore plus loin avec "un taux encore plus élevé", au moins multiplié par trois, selon Nicolas Bonnet-Oulaldj, le président du groupe. Selon l'élu parisien PCF Jacques Baudrier, un futur nouveau triplement "ferait passer la taxe d'habitation moyenne concernée à 2.700 euros. Cela commence à être dissuasif, pourrait libérer des dizaines de milliers de logements et faire baisser les prix d'au moins 20%".
Les critiques pleuvent. "Ce n'est pas un coup de massue, c'est du pointillisme fiscal plus retors", a lancé Jérôme Dubus (LR), selon lequel les meublés touristiques "complètent une offre hôtelière insuffisante". Pour l'UDI-MoDem, la mesure ne sera pas dissuasive, elle n'est "qu'une opportunité de plus de remplir les caisses de la Ville de Paris", a indiqué Eric Azière, président du groupe. Dans un communiqué, la FNAIM, syndicat professionnel, a dénoncé la mesure en affirmant que "les locataires et acquéreurs parisiens se voyaient une fois de plus face à une mesure inadaptée qui n'offrait aucune solution concrète et pérenne pour les loger". "Cette mesure témoigne d'une profonde méconnaissance de la réalité du marché et des propriétaires", selon Didier Camandona, président de la FNAIM du Grand Paris et la surtaxe "vient s'ajouter à une liste, déjà longue, de mesures qui ne font que tendre un marché qui laisse déjà tant de Parisiens de côté".