Le Conseil constitutionnel doit rendre, jeudi, son avis sur l'extension du pass sanitaire. Cette mesure, qui doit entrer en vigueur lundi, va-t-elle accroître les inégalités en France ? C'est ce que craignent des élus locaux et des associations en Seine-Saint-Denis. Dans ce département de région parisienne, les habitants sont moins vaccinés que la moyenne nationale. Le pass sanitaire suscite la peur d'une sorte de double peine pour les plus démunis.
"On aurait pu faire preuve de plus d'anticipation"
Un pass sanitaire qui exclurait les jeunes de l'école, de la piscine, de la bibliothèque, et qui empêcherait certains adultes de garder leur emploi... Voilà ce que redoute Franck Dubois, le responsable des solidarités familiales au Secours catholique. "Les annonces du président de la République datent du 12 juillet. Je ne veux pas attaquer les pouvoirs publics, mais par rapport à des personnes qui peuvent avoir besoin de plus d'explications, on aurait pu faire preuve d'un peu plus d'anticipation", regrette-t-il au micro d'Europe 1. "Il faut les aider à franchir ce cap plutôt que d'imposer quelque chose qui peut être excluant."
"S'il n'y a pas de contrainte, on va droit à l'échec"
Pourtant, la pédagogie a déjà été renforcée depuis plusieurs mois dans le Centre de santé municipal de Romainville, mais cela n'a pas suffi. "J'arrive à convaincre, mais il faut vraiment aller discuter avec les gens", affirme Anne-Sophie Pimpaud, médecin généraliste exerçant dans ce centre. "Si on ne met pas une dose de contrainte, la majorité des gens ne se feront pas vacciner", poursuit-elle, ajoutant que la grande part de ses patients se font vacciner parce qu'ils n'ont pas le choix. "S'il n'y a pas de contraintes, on va droit à l'échec dans les campagnes de vaccination".
Une campagne d'autant plus difficile à mener dans un département où beaucoup n'ont pas de contacts réguliers avec des professionnels de santé. En Seine-Saint-Denis, en effet, un habitant sur trois n'a pas de médecin traitant