Les excuses ministérielles présentées vendredi par Ericka Bareigts, la ministre des Outre-mer, ont relancé les négociations pour un plan d'avenir pour la Guyane, après treize jours de grève. Patrick Karam, ancien délégué interministériel à l'égalité des chances des Français d'Outre-mer, qui avait en partie géré la crise en Guadeloupe en 2009, analyse cette nouvelle situation de crise dans l'émission C'est arrivé cette semaine.
"Des excuses au nom de l'Etat". Sous la présidence de Nicolas Sarkozy, il avait souvent manifesté sa distance avec la manière dont étaient pris en compte les dossiers ultra-marins. Pour la Guyane, les excuses de sa consœur l'étonnent. "On demandait à Ericka Bareigts de faire des excuses pour le retard qu'elle avait mis à répondre aux revendications de la Guyane et elle a fait des excuses générales au nom de l'Etat." Ces excuses viennent selon lui après que des élus de la Guyane, majoritairement des socialistes, des hommes de gauche, ont tiré "la sonnette d’alarme depuis plusieurs mois. On ne les a pas écoutés et les collectifs citoyens ont pris le relais. C'est un bras de fer inversé, c'est toute la population qui a pris la main, les élus et les syndicats sont en retrait."
"Des chèques en blanc". Les revendications en cours d'étude représentent des années de frustration. "Il y a 600 pages de revendications, 800 mesures attendues, notamment sur la sécurité, dit-il, mais aussi sur l'immigration, la santé publique, l'école. On a agrégé tout comme en 2009. Les ministres vont devoir se positionner." Mais l'élection présidentielle très proche apparaît comme un facteur négatif à un réel changement, argue-t-il. "Dans quelques semaines, il ne va plus y avoir de gouvernement socialiste, les ministres actuels ne seront plus là. S'ils font des chèques, il faut craindre que ce soient des chèques en blanc."
"Des richesses incroyables dans le sous-sol marin". D'autant, pour lui, que la Guyane n'est pas seule concernée. "Quand on fait des excuses, il faut aussi penser aux autres territoires : la Guadeloupe, la Martinique, la Réunion, Mayotte, la Nouvelle-Calédonie, etc. L'Outre-Mer a besoin de plan d'urgence. Elle ne peut plus attendre 70 ans (...) et il faut arrêter le fantasme des territoires assistés. C'est une insulte." Patrick Karam évoque même une piste de développement : "Il y a des richesses incroyables dans le sous-sol marin. Nous devons les exploiter. Un ministre des Outre-mer ne peut pas ne pas être un ministre de la mer."