Pécresse s'attaque à la fraude dans les transports en commun franciliens

Valérie Pécresse espère récupérer 125 millions d'euros par an © PATRICK KOVARIK / AFP
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avec AFP , modifié à

La présidente de la région Ile-deFrance lance une nouvelle campagne contre la fraude dans les transports en commun.

Une nouvelle campagne contre la fraude dans les transports en commun d'Ile-de-France sera lancée mardi. Valérie Pécresse, présidente LR de la Région, entend faire de ce combat une vitrine pour récupérer des fonds et financer le réseau francilien.

Une perte qui se chiffre à 1 million par jour. La fraude dans les transports en commun franciliens est un "petit recul de la République chaque jour", selon la présidente LR de la région IDF. Mais c'est surtout "400 millions d'euros par an de manque à gagner, et c'est injuste pour ceux qui payent", a-t-elle souvent déploré. En février, la cour des Comptes l'a chiffré plus précisément à 366 millions annuel, soit 1 million par jour. Pécresse avait fait de ce combat une de ses "priorités" pendant la campagne des régionales, promettant des "mesures beaucoup plus drastiques" contre les fraudeurs et pour le recouvrement des amendes, qui pourraient selon elle rapporter 100 millions d'euros par an.

Récupérer 125 millions d'euros par an. Le syndicat des transports d'Ile-de-France (Stif), autorité régulatrice des transports franciliens qu'elle préside, évalue le produit des amendes autour "de 125 millions d'euros par an". L'ancienne ministre du Budget a "assigné des objectifs très concrets" d'augmentation des recouvrements à la SNCF et à la RATP, dans le cadre d'avenant aux contrats liant le Stif aux deux opérateurs. Il s'agit désormais pour la RATP de récupérer auprès des fraudeurs 20 millions d'euros supplémentaires, et, pour la SNCF, 10 millions d'euros.

Valérie Pécresse s'appuie sur une nouvelle loi. La cheffe de l'exécutif régional s'appuie pour cela sur la récente loi du député PS de Gironde Gilles Savary, adoptée en mars, qui a renforcé les mesures de lutte contre les incivilités dans les transports. Cette loi interdit par exemple les "mutuelles de fraudeurs" (c'est-à-dire des systèmes permettant aux fraudeurs de voir leur amende acquittée via cette combine, contre le versement de quelques euros par mois), et abaisse de dix à cinq infractions le délit de "fraude d'habitude", puni de six mois d'emprisonnement et 7.500 euros d'amende.

Une obligation de justifier de son identité. Surtout, la loi va obliger l'usager sans billet à justifier son identité. En cas de refus, il pourra être retenu jusqu'à quatre heures par les agents. "Vous ne pourrez plus dire 'je m'appelle monsieur Donald et j'habite rue du Bonheur'", s'est réjouie Valérie Pécresse la semaine dernière. Ces nouvelles mesures devraient ainsi pallier le faible taux de recouvrement des amendes, inférieur à 10%, selon elle. "C'était tabou d'en parler, mais je vois que tout le monde s'y rallie", a ironisé dans le Parisien celle qui était à l'origine d'une proposition de loi en mai 2015 intitulée "tolérance zéro contre la fraude".

Un budget pour financer la modernisation du matériel roulant. La campagne d'affichage dévoilée mardi, la première partagée par la région Ile-de-France, le Stif, la RATP et SNCF Transilien, vise ainsi à "sensibiliser les voyageurs aux nouvelles règles et sanctions encourues dans les transports", selon l'autorité régulatrice. La présidente de la région destinait au départ les économies dégagées au financement de ce qu'elle appelle l'"ardoise" de l'ancienne majorité de gauche, à savoir le pass Navigo à tarif unique, dépense finalement comblée avec l'aide de l'Etat et une hausse de 3 euros par mois du passe unique.

La manne devrait aussi servir à financer son programme de modernisation du matériel roulant (708 rames neuves ou rénovées promises d'ici 2021,) ou son nouveau projet de refonte de l'offre de bus à Paris et dans la région, objet d'une vaste concertation citoyenne à partir de lundi. "Je sais que je serai jugée essentiellement sur l'amélioration des transports", dit la présidente de région.