Après un bore out, un syndrome d'épuisement professionnel par l'ennui, Perrine, 30 ans, décide de se lancer et de créer son entreprise dans la région de Lyon. Mais peu à peu, elle laisse le travail empiéter sur sa vie privée. Jeudi, au micro d'Olivier Delacroix, sur Europe 1, elle raconte comment son métier passion l'a éloignée de son couple et de ses proches. Elle explique aussi comment elle a réussi à se sortir de cette situation et à trouver un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle.
"J'ai un frère entrepreneur. Je savais avant de lancer mon entreprise que cela signifiait parfois consacrer certains week-end et certaines soirées à son travail. J'en avais tout de même envie. Mais j'ai rapidement eu du mal à maintenir un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Parfois en tant qu'entrepreneur on se fait rattraper par la passion. Je mettais de côté ma vie personnelle, je voyais moins mes amis, j'allais moins au sport, je passais à côté de mon couple. A un moment donné ça n'a plus été possible. Il a fallu une prise de recul et un ajustement.
Le déclic ça a été mon conjoint. Un jour, il est rentré de week-end et je me suis rendue compte qu'on ne partageait plus de projets ensemble. En le voyant je n'avais plus cette étincelle. Je me disais que c'était quand même fou car mon conjoint est mon roc, mon soutien dans l'aventure entrepreneuriale depuis le début. Et je me demandais comment il était possible de s'éloigner autant. Le jeu n'en valait pas la chandelle.
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Après que son conjoint l'ait alerté sur leur situation et le risque d'éloignement, Perrine décide de réagir
Sur le coup, ça a été comme une douche froide. Mais désormais je m'accorde du temps pour ma vie privée. J'ai de nouveau des week-ends, je choisis de prendre du temps et d'avoir des projets avec mon conjoint, ma famille. Même s'il y a des périodes intenses dans la semaine je sais que le week-end j'ai des sas de décompressions.
Je ne m'écoute pas plus mais je m'écoute mieux. Je fais du mieux que je peux pour contribuer à mon épanouissement et à celui des autres. L'entrepreneuriat reste une aventure pleine d'inconnus, de rebondissements. Je ne pourrai pas dire que je me déculpabilise à 100 % et que je ne suis pas en surmenage parfois, mais ce que je sens c'est que j'avance sur mon petit chemin en sérénité et en lâcher prise. Je fais du mieux que je peux et j'apprends chemin faisant".
"Il faut d'abord s'interroger sur ses priorités personnelles"
Pour Pascale Bélorgey, experte en efficacité professionnelle et auteur de La Boîte à Outils de l’Efficacité professionnelle, bien gérer son temps entre vie professionnelle et vie personnelle est d'abord une question d'objectifs. "Nous avons tous plusieurs sphères dans notre vie. Il faut d'abord s'interroger sur ses priorités personnelles. Sur le plan professionnel, on peut aussi se demander quelles sont les missions essentielles et quelles sont les activités à forte valeur ajoutée qui contribuent à ces missions", explique la spécialiste. Pour prendre du recul, l'experte recommande aussi de planifier et d'évaluer la durée de chaque chose.
"La surcharge de travail vient de l'extérieur mais aussi de l'intérieur. Je vais peaufiner mes dossiers jusqu'à l'excès, je vais prendre du travail des autres pour leur rendre service et en même temps, plus je vais faire ça, plus les autres vont attendre de moi que je le fasse. L'idée, c'est de prendre du recul car si la surcharge est trop importante, le risque est d'entrer dans un état de fatigue et de ne plus avoir suffisamment de discernement", assure Pascale Bélorgey. "Pour s'en sortir, dans ces cas là, on peut se faire des listes de travail pour le lendemain très courtes, limiter le temps de travail et si l'on est vraiment fatigué, inscrire dans ses priorités 'me reposer'. Surtout, il est nécessaire de ne faire qu'une chose à la fois", ajoute Pascale Bélorgey.