Malgré le déblocage de 50 millions d'euros annoncé par Agnès Buzyn, soignants, syndicats et directeurs d'établissements d'Ehpad appellent à une "grande mobilisation" mardi.
Le gouvernement a annoncé jeudi 50 millions d'euros supplémentaires pour les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) en difficulté, une "broutille" pour les représentants des personnels, qui appellent à une grande mobilisation mardi.
Un "pansement pour une jambe de bois". En plus des 100 millions inscrits au budget 2018 de la Sécurité sociale, "nous ajoutons 50 millions d'euros qui vont être donnés aux Agences régionales de santé pour qu'elles puissent accompagner au cas par cas, en fonction des difficultés, les Ehpad qui souffrent aujourd'hui d'un manque de moyens", a déclaré sur RTL la ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn. Une "broutille", un "pansement pour une jambe de bois" ont réagi jeudi midi, lors d'une conférence de presse, les représentants des personnels des maisons de retraite médicalisées et des services à domicile, qui appellent depuis plusieurs semaines à la grève "dans tous les Ehpad" le 30 janvier.
"On a besoin de dire qu'on est cassés, usés". Ce mouvement unitaire "inédit", regroupant CGT, CFDT, FO, Unsa, CFTC, CFE-CGC et SUD, avec le soutien de l'association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA) et d'associations de retraités, prévoit des débrayages dans les établissements et des rassemblements dans toute la France, notamment devant les Agences régionales de santé. À Paris, un rassemblement est prévu à 14 heures devant le ministère des Solidarités et de la Santé, où les représentants des personnels espèrent être reçus. Cela "fait dix ans qu'on attend une grande mobilisation nationale", a témoigné devant la presse Sandrine Ossart (CGT), aide-soignante depuis 26 ans. "On a besoin de dire qu'on est cassés, usés", a-t-elle poursuivi, demandant plus de moyens humains pour traiter les résidents "dans la dignité".
Actuellement 0,6 agent pour un résident. Au 31 décembre 2016, près de 728.000 personnes âgées étaient prises en charge dans un des 6.900 Ehpad publics, privés non lucratifs et privés commerciaux, selon la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA). Parmi ses principales revendications, ce mouvement unitaire demande l'application d'un ratio d'"un agent pour un résident", la moyenne étant actuellement de 0,6, a précisé Pascal Champvert, président de l'AD-PA, qui juge la France "très en retard" dans l'aide aux personnes âgées par rapport à ses voisins européens.
D'autres mesures dévoilées vendredi. Tous réclament aussi l'abandon d'une réforme tarifaire initiée en 2017, qui prévoit d'aligner progressivement jusqu'en 2023 les dotations aux Ehpad publics et privés. Cette réforme, qui "va se traduire par des suppressions massives de postes, est unanimement rejetée", a affirmé Luc Delrue (FO). Interrogée mardi à l'Assemblée nationale, Agnès Buzyn avait réaffirmé que cette réforme serait poursuivie, promettant un accompagnement financier pour "les 2,9% d'Ehpad dont la convergence à la baisse concernera à la fois le forfait soins et le forfait dépendance". Elle se rendra vendredi dans un Ehpad de la région parisienne pour dévoiler d'autres mesures.