Le maire de Laillé, commune de 5.200 âmes en Bretagne, a organisé mercredi une réunion au sujet de l'épandage de produits phytosanitaires. Pendant trois heures, Pascal Hervé a rassemblé autour de la table agriculteurs et collectifs anti-pesticides pour échanger sur la distance minimale d'épandage à établir. Une réunion "anti-pugilat" organisée trois mois après la décision du maire de Langouët, Daniel Cueff, qui avait secoué le monde agricole en prenant un arrêté interdisant l'utilisation de substances chimiques "à une distance inférieure à 150 mètres de toute parcelle cadastrale comprenant un bâtiment à usage d'habitation ou professionnel".
Ce texte a été suspendu le 27 août par le tribunal administratif de Rennes, saisi par la préfète d'Ille-et-Vilaine, au motif qu'un maire n'est pas compétent pour prendre des décisions sur l'utilisation des pesticides.
"Si vous ne laissez que 150 mètres entre ma maison et la zone d'épandage, je mourrais dans quelques mois"
"Pour moi, les 150 mètres ne changeront rien du tout", explique Catherine, qui réside à côté d'une exploitation agricole depuis six ans et qui se dit victime de pesticides. Elle se fait aujourd'hui traiter pour six tumeurs. "Si vous ne laissez que 150 mètres entre ma maison et la zone d'épandage, je mourrais dans quelques mois, et ma fille de sept ans aussi", tranche-t-elle.
Entendre des agriculteurs parler d'une interdiction d'épandage à 5 ou 10 mètres des habitations la fait bondir, comme beaucoup d'autres. Les distances d'épandage ne sont pour eux tout simplement pas l'essentiel : la solution serait dans la diminution des doses de produit utilisé.
"On se fait agresser par les riverains"
Du côté des élus réunis, on demande à ce que l'information circule mieux dans le village. "Il faut que l'agriculteur nous prévienne quand il traite ses cultures pour rassurer les populations", clame un élu.
Les agriculteurs, eux, restent prudents. "On se fait agresser verbalement maintenant par les riverains!", s'indigne l'un d'eux. "Je pense que beaucoup d'agriculteurs vont être réticents (à l'instauration d'une distance minimale d'épandage) parce qu'ils vont avoir peur de se prendre une baffe", assure un autre.
Suivant le mouvement initié par le maire de Langouët, d'autres édiles à Audincourt, Revest-des-Brousses, Val-de-Reuil, ont multiplié les arrêtés anti-pesticides un peu partout dans l'Hexagone.