Pharmacies : des grèves en vue ce week-end et le 30 mai

Pharmacie
Les pharmaciens appellent à faire grève ce week-end avant de fermer toutes les officines le 30 mai pour réclamer des revalorisations financières © Fiora Garenzi / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
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avec AFP // Crédits photo : Fiora Garenzi / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
La Fédération des pharmaciens d'officines (FSPF) et l'Union de syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) ont annoncé jeudi une mobilisation le 30 mai avec la fermeture des 20.500 officines de France et des manifestations sur tout le territoire. Avant cette journée commune de mobilisation, l'USPO prévoit même une grève des gardes ce week-end.

Les pharmaciens appellent à faire grève ce week-end avant de fermer toutes les officines le 30 mai pour réclamer des revalorisations financières, alerter sur les pénuries de médicaments et des risques de libéralisation de la vente en ligne. La Fédération des pharmaciens d'officines (FSPF) et l'Union de syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) ont annoncé jeudi une mobilisation le 30 mai avec la fermeture des 20.500 officines de France et des manifestations sur tout le territoire.

Avant cette journée commune de mobilisation, l'USPO prévoit même une grève des gardes ce week-end, "organisée localement par les syndicats" qui "s’appliquera partout sur le territoire du samedi 18 au lundi 20 mai". La branche des pharmacies d'officines compte plus de 130.000 salariés, un chiffre comparable à celui des cliniques privées, qui, elles aussi, ont prévu un mouvement de grève à partir du 3 juin. La dernière réunion multilatérale avec l’assurance-maladie dans le cadre des négociations conventionnelles, ouvertes à la fin de l'année 2023, mécontente les syndicats représentatifs.

 

Propositions économiques "insuffisantes"

Pour eux, le compte n'y est pas. Ils veulent poursuivre les négociations sur le volet revalorisations proposées par l'assurance maladie. "Le budget qui est sur la table ne permet pas de financer toutes les officines", a déclaré le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), Philippe Besset, au cours d'une conférence de presse. La proposition de revalorisation par l'Assurance maladie dévoilée lors de la dernière réunion multilatérale mardi est "inférieure" au milliard d'euros supplémentaire par rapport à 2019 que les syndicats espéraient pour le réseau en 2025. 

Ce que l'assurance maladie propose "ne peut pas suffire, surtout quand on met en regard de ces propositions" les sommes en cours de négociations pour les médecins, avance Pierre-Olivier Variot. Le conseiller économiste de l’USPO, Guillaume Racle, calcule qu'en l'état actuel de la trajectoire prévue par la Cnam, "on nous propose, en moyenne, plus 5.500 euros par officine et par an entre 2023 et 2027". Une somme "dérisoire" par rapport aux besoins de financement des officines, qui font face à une augmentation des charges induites aux deux tiers par l'inflation des frais de personnel et de loyer", selon lui.

L'Uspo, qui "continue les négociations", attend une proposition de Thomas Fatôme (directeur général de la Cnam, Ndlr) d'ici maximum 15 jours qui devrait être "la dernière", indique Pierre-Olivier Variot. Sans attendre, la FSPF a, elle, envoyé mercredi une "contre-proposition de négociation" à la Cnam dont elle attend une réponse en début de semaine prochaine.

Un dilemme

"On n'atteindra pas le budget nécessaire, mais si jamais on ne prend pas ce qui est sur la table, on va perdre des centaines de pharmacies supplémentaires", explique Philippe Besset, rappelant que 46 pharmacies ont fermé depuis janvier, après 330 fermetures l'année dernière. "Et si on ne signe pas cette convention, les pharmacies rurales n'auront pas les 20.000 euros en début d'année", une aide destinée aux pharmaciens qui sont "seuls dans une officine, dans un village isolé où il n'y a pas de médecin". 

"Nous avons fait le choix de proposer une signature de combat, d'aller au bout, d'essayer de convaincre par tous les moyens les pouvoirs publics et l'Assurance maladie de l'impérieuse nécessité d'aller plus loin dans les revalorisations", a-t-il ajouté. Outre la dégradation économique des officines, les pharmaciens veulent également interpeller la population et les pouvoirs publics sur les ruptures de médicaments, très chronophages pour eux, ou encore la réforme de troisième cycle des études de pharmacie. Ils veulent aussi mettre en garde contre un projet politique susceptible de libéraliser la vente en ligne de médicaments par les pharmaciens.

"Je ne veux pas qu'un pharmacien ait son officine dans un quartier et par ailleurs 10.000 mètres carrés de surface à côté, dans une zone commerciale où il arrose la France et l'Europe de médicaments. Les stocks déportés, c'est non", a lancé Philippe Besset. "Les plateformes avec des stocks déportés, ça s'appelle Amazon. Donc c'est la mort de la pharmacie", a prévenu Pierre-Olivier Variot. Les syndicats comptent évoquer ensemble ce sujet lors d'un rendez-vous commun à Matignon le 23 mai.