Révolution au palais de justice. Ce lundi 16 avril, le nouveau tribunal de Paris ouvre officiellement ses portes aux grand public. Le déménagement historique de l'île de la Cité vers le nouveau quartier des Batignolles, dans le 17eme arrondissement, va s'échelonner jusqu'au mois de juin. De l'ancien au moderne, Europe 1 vous fait la visite guidée d'un des plus importants chantiers de France.
Vertigineux. De ses 160 mètres de hauteur, le bâtiment domine le nord ouest parisien. Au propre comme au figuré, le nouveau palais donne le vertige : la tour est la deuxième plus haute de paris après Montparnasse. Les chiffres sont à l'avenant : 38 étages, 50 ascenseurs, 90 salles d'audience pour un total de 62.000 mètres carrés et pas moins de 232 arbres sur les terrasses végétalisées destinées à réguler la température intérieure d'un bâtiment aux vitres cristallines.
Contemporain. Pour le personnel qui y travaille comme pour le public, le bâtiment permet de véhiculer une nouvelle image de la justice. Fini les sols en marbre de l'île de la Cité et les salles d'audience sombres et lambrissées souvent trop exiguës pour le public. Fini les bureaux aux murs écaillés, tout comme le petit bureau d'accueil dans un préfabriqué qui distribuait encore des plans papiers aux visiteurs. Désormais, 38 box d'accueil sont en place, des salles spacieuses et modernes en bois blond.
"Ce n'était plus tenable". Pour Jean-Michel Hayat, président du tribunal, malgré le charme de l'ancien, il n'est pas question de laisser trop de place à la nostalgie : "Chacun regrettera le quai de l'Horloge, cette vue magnifique sur la Seine, cette salle des pas perdus, bien sûr, mais personne ne regrettera les conditions de travail qui étaient très mauvaises. Les juges travaillaient parfois à quatre ou cinq dans un bureau exigu, les greffiers avaient également des conditions qui n'étaient pas bonnes. Il y avait beaucoup de locaux très sombres. Ce n'était plus tenable. On ne pouvait plus continuer comme ça, c'est pour cela que j'ai toujours été un ardant ambassadeur du déménagement", explique-t-il.
Sécurisé. Du côté de la sécurité, ce nouveau palais innove. Faute de grilles entourant le bâtiment comme sur l'île de la Cité, le vitrage du rez-de-chaussée côté parvis visiteurs est blindé : il est conçu pour résister à une charge explosive de 100 kilos, soit l'équivalent d'un voiture bélier. Et l'ancien dépôt vétuste sous des voûtes en pierre du vieux palais laisse place dans les nouveaux locaux à un alignement de cellules neuves et propres entièrement sous vidéosurveillance.
© LAURENCE SAUBADU, VINCENT LEFAI / AFP
L'ensemble du bâtiment est d'ailleurs sécurisé par 1.500 caméras, soit davantage que dans les rues de Paris. Le contrôleur général, Jean-Marie Gutknecht, en charge de toute la sécurité du palais, estime qu'il s'agit d'un saut dans la modernité : "C'est un niveau de sécurité indiscutablement supérieur, ne serait-ce que par les moyens modernes - techniques et informatiques - qui ont été mis en place. On ne passe les portes qu'avec des badges. Tout est sous surveillance vidéo, il y a des déclenchements automatiques d'alarmes. C'est un réel progrès", se félicite le contrôleur général.
Le vieux palais pas complètement abandonné. Reste que le vieux palais, là où les rois de France tenaient leur lit de justice, accueillera encore les procès d'assises, la cour d'appel et la cour de cassation. Les visiteurs pourront toujours visiter le musée de la conciergerie et la Sainte-Chapelle avec ses immenses vitraux du 13eme siècle.