Contre le "silence" de la communauté internationale, en soutien aux civils syriens piégés dans le dernier quartier rebelle d'Alep, plus de 2.000 personnes se sont rassemblées, samedi, dans plusieurs villes françaises.
"Votre silence tue nos enfants". À Lyon, la police a ainsi dénombré au moins 500 personnes, réunies à la tombée de la nuit en présence du "maire" des quartiers rebelles d'Alep, Brita Hagi Hassan. "Durant le dernier mois les bombardements se sont intensifiés et le minimum pour assurer la vie n'est plus présent à Alep aujourd'hui", a déclaré ce dernier. "Votre silence tue nos enfants", affichait aussi un panneau tenu par un manifestant. Un troisième expliquait être "là pour soutenir les Syriens parce qu'on ne peut rien faire et c'est assez désarmant après tant de morts et d'années de guerre".
"Nous sommes tous la Syrie". À Lille, la préfecture a recensé plus de 600 manifestants, rassemblés après des appels lancés sur internet. Pendant leur réunion, des messages de soutien aux habitants d'Alep ont été inscrits sur un grand tableau blanc, non loin de faux poupons ensanglantés symbolisant les exactions du régime syrien. Ils étaient également plus de 600 à Strasbourg, scandant "Nous sommes tous la Syrie" ou "Alep est le Grozny, le Srebrenica de notre génération".
"Assad, Poutine, assassins". "Alep brûle", "c'est l'encre qui doit brûler, pas le sang", pouvait-on lire sur les pancartes de centaines de personnes réunies à Paris à l'appel d'une organisation islamique turque. "On se sent particulièrement concernées par la Syrie, la guerre. C'est fou que les puissances mondiales ne puissent pas intervenir", ont commenté Hilal, 25 ans, et Gulsan, 26 ans, deux de ces manifestants. À Marseille, deux cortèges comptant plus d'une centaine de personnes chacun se sont regroupés devant la mairie. "Syrie ne pleure pas, Marseille est avec toi", "Assad, Poutine, assassins", indiquaient les banderoles. Ils étaient également 200 à Bordeaux, une centaine à Poitiers et à Mont-de-Marsan.
40.000 civils toujours piégés. Après des années de bombardements et un siège de plus de quatre mois, la ville syrienne d'Alep subit, depuis la mi-novembre, une offensive lancée par l'armée syrienne et des milices alliées. Les forces de Bachar Al-Assad ont ainsi repris plus de 90% des quartiers que les rebelles contrôlaient depuis 2012. Il resterait environ 40.000 civils dans le dernier quartier que tiennent encore les insurgés à Alep et entre 1.500 et 5.000 combattants avec leurs familles, selon l'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura.
L'évacuation stoppée. Des civils qui auraient dû être évacués lors d'opérations lancées jeudi dernier. Mais celles-ci ont été suspendues après le départ de quelque 8.500 personnes. Les autres qui n'ont pas pu être exfiltrés patientaient samedi dans le froid, privés d'eau potable et d'alimentation. Le conflit très complexe en Syrie, impliquant acteurs syriens régionaux et internationaux, a fait plus de 310.000 morts depuis près de six ans.