Militaire durant 38 ans avec des missions en Afghanistan ou en Côte d'Ivoire, Jean-Louis Martinez, 69 ans, a marché plus de 4.000 kilomètres en France, avec une étape à Marseille samedi, pour sensibiliser au trouble de stress post-traumatique, qui ne touche pas uniquement les soldats.
Une souffrance morale et des complications physiques
"Je me suis dit il faut que je fasse quelque chose pour tous ces blessés psychiques parce qu'un blessé physique, il se voit, alors qu'un blessé post-traumatique, on ne le voit pas", explique à l'AFP cet homme qui en partant à la retraite en 2011 a soudain vu remonter à la surface le traumatisme de la perte de neuf "camarades" en Côte d'Ivoire des années auparavant.
Le trouble de stress post-traumatique (TSPT) peut survenir après un événement traumatisant. Il se traduit par une souffrance morale et des complications physiques qui altèrent profondément la vie personnelle, sociale et professionnelle, selon l'Institut de la santé et de la recherche médicale (Inserm). La prévalence du TSPT serait de 5 à 12% dans la population générale, selon certaines études évoquées par l'Inserm. Quelque 2.800 militaires français souffrant de blessures psychiques ont été recensés de 2010 à 2019, cinq fois plus que le nombre de blessés physiques, selon l'armée.
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Parti le 1er mai de Colmar
"Mais d'autres métiers sont concernés, pompiers, forces de l'ordre, journalistes...", relève Jean-Louis Martinez. Sauvé par le dessin et l'écriture d'un livre, "Des mots pour des maux", il a voulu mieux sensibiliser la population et a décidé de parcourir la France à pied, sac au dos, pour en parler. Parti le 1er mai de Colmar en Alsace, il bouclera son périple chez lui dimanche, à Roquefort-la-Bédoule (Bouches-du-Rhône), après une étape samedi à Marseille où il compte gravir les marches de l'emblématique basilique Notre-Dame de la Garde, la "Bonne mère" des Marseillais, avec d'autres personnes souffrant de TSPT.
Au fil du parcours, documenté sur sa page Facebook, "des kms pour apaiser leurs maux", des habitants l'ont hébergé, ont marché un bout de chemin avec lui ou lui ont offert le casse-croûte, quitte à faire un détour de plusieurs dizaines de kilomètres, raconte-t-il à l'AFP. "Si on me dit qu'il n'y a pas de solidarité en France, je dis ce n'est pas vrai", insiste-t-il.
S'il reconnaît que l'armée a beaucoup progressé pour aider les militaires en activité blessés psychiques et leurs familles, il alerte sur les soldats, policiers, gendarmes ou pompiers partis en retraite, ces problèmes pouvant surgir des années plus tard.