Un an après les inondations dans le Pas-de-Calais, la reconstruction s'annonce lente pour certains sinistrés. Plusieurs d'entre eux, vivants dans des zones à trop grand risque, ont été contraints de revendre leur maison à l'État pour qu'elles puissent être détruites. Arques, Hélène, mère de famille, n'a pas eu d'autre choix.
Un an après, les stigmates sont encore présents. En novembre 2023, plusieurs villes du Nord et du Pas-de-Calais étaient inondés après des crues historiques , faisant des milliers de sinistrés. Au moins 540.000 habitants ont été impactés de près ou de loin par la catastrophe. Parmi ces sinistrés : des habitants qui n'ont jamais pu regagner leurs logements trop endommagés par la montée des eaux et situés dans des secteurs à risque.
Alors, certains propriétaires ont pu bénéficier de ce que l'on appelle le fonds Barnier (Michel Barnier, depuis devenu Premier ministre, est à l'origine de la création de ce fonds ndlr), qui leur permet de revendre leur maison à l'État avant qu'elle ne soit rasée. Dans la ville d'Arques, près de Saint-Omer, plusieurs habitants ont dû se résoudre à cette solution extrême.
"Heureusement que j'ai vendu"
En attendant de voir sa maison rasée, Hélène observe une dernière fois l’intérieur de l’habitation noyée l’an dernier sous près d’un mètre d’eau. "Il n’y a plus grand-chose à faire ici…J’ai encore quelques affaires dans les placards mais cela se termine. D’ailleurs, je ne suis plus vraiment chez moi depuis que j’ai signé la semaine dernière pour bénéficier du fonds Barnier", explique cette mère de famille au micro d'Europe 1.
À Arques, toutes ses maisons sont en train d'être rachetées par l'État pour être détruites. Crédit photo : Lionel Gougelot
Ce dispositif lui a permis de vendre à l’État une maison condamnée dans un quartier devenu trop exposé aux inondations. "Heureusement que j’ai vendu (à l’État ndlr) parce que je ne sais pas comment j’aurais fait pour financer les travaux avec ce que l’assurance m’a donné, j’aurais peut-être fait un tiers de ce qu’il y a à faire ici, parce que c’est ridicule ce que l’assurance m’a proposé comme indemnisation", s'alarme-t-elle.
Une catastrophe traumatisante
La maison a été vendue à la valeur estimée avant sinistre, soit 120.000 euros. Un moindre mal pour Hélène. Mais "avec le montant qui m’a été alloué, aujourd’hui, je ne retrouve pas une maison comme j’avais avec un jardin de 400 mètres carré. Donc effectivement, ce ne sont pas les mêmes conditions, maintenant, c’est quand même une chance de ne pas devoir passer ma vie à payer une maison qui ne vaut plus rien", souligne-t-elle.
Reste aussi le traumatisme de voir détruite une maison dans laquelle cette jeune maman divorcée espérait prendre un nouveau départ. C’était enfin l'occasion de 'se poser' avec mon fils adolescent, mais cela n’a duré que trois mois avant de prendre 80 cm d’eau dans la baraque", regrette-t-elle. Une catastrophe qui, encore aujourd’hui, génère pour la jeune femme un stress permanent face au risque d’inondation.