Près de 700 migrants ont été évacués dans le calme jeudi d'un square situé au centre de Nantes où un campement était installé depuis plusieurs mois, avant d'être acheminés par bus vers cinq gymnases mis à disposition par la ville.
"Je suis fière que l'on soit dans une ville où la peur de l'autre ne gagne pas", s'est félicitée la maire socialiste de la ville, Johanna Rolland, à la fin de l'opération d'évacuation, prévenant par ailleurs que "plus aucune occupation sauvage sur l'espace public ne sera tolérée à Nantes".
Au total, 698 personnes ont été évacuées dans le calme entre 8h et midi par plus de 200 fonctionnaires de police et de gendarmerie qui avaient bouclé le square Daviais, un parc arboré bordé d'un hôpital et de voies de tramway où des migrants, principalement des hommes, avaient commencé à camper au printemps. En vertu d'une décision du tribunal administratif rendue la veille, 668 personnes ont été "mise à l'abri" par la commune de Nantes et logées dans 5 gymnases de la ville où deux repas leur seront servis quotidiennement. Deux mineurs isolés ont également été évacués et 28 personnes vulnérables ont été prises en charge par l'État, selon les chiffres de la mairie.
Une première évacuation avait eu lieu en juillet. "C'est un soulagement énorme de savoir que c'est fini", a témoigné François Prochasson, du collectif de soutien aux migrants, rappelant que la place nantaise, qui avait fait l'objet d'une première évacuation le 23 juillet, ne disposait d'aucun sanitaire. Cependant, l'hébergement dans les gymnases de ces migrants - majoritairement originaires de Guinée, Érythrée, Somalie et Soudan, selon la préfecture de Loire-Atlantique - ne sera que temporaire.
Selon la maire, "l'État doit prendre le relais". "La mise à l'abri dans les gymnases de Nantes ne doit pas durer au-delà de début octobre", a prévenu Johanna Rolland, expliquant que plusieurs lieux d'accueil mieux adaptés et situés à Nantes et dans le département étaient à l'étude. Le tribunal a en effet enjoint l'État et l'Office français d'immigration et d'intégration (Ofii) à orienter "dès que possible, les personnes migrantes concernées vers des dispositifs d'accueil correspondant à leur situation administrative". "L'État doit prendre le relais, c'est une nécessité à l'échelle nationale, c'est le rôle de la France, patrie des droits de l'Homme", a insisté Johanna Rolland, estimant que "la politique d'asile telle qu'elle est menée par le ministère de l'Intérieur n'est pas à la mesure de la situation".