Un jour à l’école, un jour férié, un jour à l’école, un jour férié, un jour à l’école… Voilà à quoi va ressembler la semaine des écoliers français à partir de lundi. En cause, l’Ascension, qui tombe cette année le 10 mai, deux jours après le 8 mai, lui aussi chômé. Cette rupture de rythme n’est pas sans conséquences sur les enfants, déplore François Testu, président de l’Ortej (Observatoire des rythmes et des temps de vie des enfants et de jeunes). Ce professeur de psychologie à l’Université de Tours conseille aux parents de tout faire pour que leur progéniture garde un semblant de rythme scolaire.
En quoi cette semaine à venir, où se succèdent jours d’école et jours fériés, est-elle néfaste ?
Ce genre de semaine est perturbante pour les enfants. Ça dérègle leur rythmicité hebdomadaire et journalière. Ils perdent en régularité physique mais aussi intellectuelle. Or, c’est tout l’inverse qu’il faudrait faire, et dont les enfants ont besoin. Il faut absolument éviter les phases de rupture comme celles de la semaine à venir. Heureusement que ça ne se produit que de temps en temps, parce que ce n’est vraiment pas propice. C’est déjà assez difficile pour les adultes, alors imaginez pour les enfants…
Quels conseils donnez-vous aux parents pour que leurs enfants ne soient justement pas trop perturbés ?
Les solutions sont simples. Il faut en fait tout faire pour essayer de garder cette régularité. Notamment pour les heures de coucher et les heures de lever. Et en priorité pour le coucher, qui est le plus important. Il faut éviter au maximum d’en rajouter dans cette rupture de rythme.
Certains parents sont tentés de "faire sécher l’école" à leurs enfants pendant plusieurs jours. En termes de rythme, est-ce une bonne idée ?
Faire rater l’école à ses enfants pour ne pas casser leur rythme, ce n’est pas envisageable non. C’est une fausse excuse, et ça installe le principe que les parents pensent que c’est mieux et ne respectent pas l’institution. En outre, tous n’ont pas les moyens de transformer cette semaine en vacances. Donc je ne vois pas l’intérêt d’accentuer cette cassure du rythme. Enfin, au niveau de l’enseignement, ce n’est pas idéal. Il n’y a déjà plus beaucoup d’heures de cours. D’où l’importance du maintien d’un rythme scolaire pendant les jours fériés, car on ne peut pas se permettre d’enlever des heures d’enseignement.
Certaines écoles privées ont décidé de regrouper les jours chômés, pour éviter cette alternance e jours travaillés et de jours sans école, quitte à faire travailler les enfants le 8 mai. Serait-ce la solution pour les ponts de mai ?
Disons que c’est peut-être la moins mauvaise des solutions. Et puis c’est une possibilité qui n’est offerte qu’à l’enseignement privé, pour des questions législatives.
Alors quelle serait la solution globale pour éviter que ce genre de semaine ne se reproduise ?
La solution globale, c’est peut-être de faire des sacrifices sur les zones, pour avoir ce rythme tout au long de l’année de sept semaines d’école (à plus ou moins une près) et deux semaines de vacances, pour intégrer les ponts de mai aux congés. Quitte d’ailleurs à rogner sur les grandes vacances. Car nous avons ce paradoxe en France de faire entrer un nombre important d’heures de cours sur un nombre réduit de jours.