Le tribunal administratif de Dijon a décidé de rendre son Appellation d'origine contrôlée (AOC) à un vigneron de Tracy-sur-Loire, dans la Nièvre, dont le Pouilly-Fumé naturel s'exporte sur les grandes tables de Copenhague, Stockholm ou Tokyo, a-t-on appris vendredi de sources concordantes.
"C'est une immense victoire pour tous les viticulteurs producteurs de vins bio et naturels qui se battent chaque jour contre un système absurde et bureaucratique", s'est félicité vendredi Me Éric Morain, avocat du viticulteur Alexandre Bain qui s'était vu retirer son habilitation.
Des rendez-vous reportés pour cause de vendanges. La mesure avait été prise en septembre 2015 par l'Inao (Institut national de l'origine et de la qualité), qui estimait que le viticulteur avait refusé de se soumettre à un contrôle obligatoire pour bénéficier de l'appellation d'origine. Le producteur, dont les vins réputés sont faits sans aucun produit chimique et en utilisant la traction animale, affirmait avoir été contraint de reporter à plusieurs reprises un rendez-vous initialement fixé au mois de mars 2015, dont une fois en raison des vendanges.
"J'espère avoir ouvert une voie". Alexandre Bain, qui a pu compter sur sa réputation pour continuer à écouler sa production, en faisait surtout une question de principe, liée à la production de vin sur un terroir. "J'espère avoir ouvert une voie, parce qu'une autre viticulture est possible", a réagi le vigneron, qui estime que ses méthodes se heurtent à l'incompréhension de certains producteurs de Pouilly-Fumé. "Pourquoi ce serait à nous de sortir de l'appellation? C'est le monde à l'envers, car nous portons haut les couleurs du Pouilly-Fumé en France et dans le monde", a-t-il ajouté.
Une sanction jugée "disproportionnée". L'avocat de l'Inao, Me François Pinet, avait assuré lors du procès que la qualité du vin n'était pas en cause, mais qu'on "ne peut pas ne pas se soumettre au contrôle et revendiquer l'appellation, c'est la base du système". Le rapporteur public avait considéré que la sanction de l'Inao était "disproportionnée" et demandé l'annulation du retrait d'habilitation, qui avait eu pour conséquence de voir les vins du viticulteur de 2014 à 2017 rétrogradés en "vins de France".