Le glyphosate est-il dangereux pour la santé ? À cette question complexe, plusieurs réponses. Celle du Centre international de recherche sur le cancer de l'OMS (Circ), qui a estimé il y a deux ans que ce composant du Roundup, célèbre herbicide, était un "cancérogène probable pour l'homme". Celle de Monsanto, firme américaine productrice du Roundup, qui affirme le contraire. Et celle de l'Union européenne qui, dans un rapport rendu en 2015, concluait qu'il était "improbable que le glyphosate soit génotoxique [qu'il endommage l'ADN] ou qu'il constitue une menace cancérogène pour l'homme".
Une centaine de pages copiées-collées. Or, selon une enquête de La Libre Belgique et RMC, l'Union européenne s'est en réalité largement inspirée du rapport de Monsanto pour produire le sien. "Une centaine de pages" du rapport de l'Union européenne seraient ainsi copiées-collées des conclusions de Monsanto, publiées en 2012. Une étude menée au Paraguay au début des années 2010, qui faisait un lien entre l'exposition au glyphosate et des malformations sur des nouveaux-nés a ainsi été jugée peu fiable par Monsanto. Avant de subir le même traitement dans le rapport de l'Union européenne, qui ne s'est en réalité pas penchée dessus, selon RMC.
L'autorisation du glyphosate en question. L'enjeu est pourtant énorme. Car c'est notamment sur ce rapport de l'Union européenne que s'appuient les pays membres pour renouveler, ou non, l'autorisation du glyphosate pour une dizaine d'années. Ils doivent statuer sur le sujet dans trois semaines. Alors même que, jeudi, l'ONG anti-pesticides Générations futures a publié les résultats d'une enquête sur la présence de cet herbicide dans des produits alimentaires courants. Sur une trentaine d'échantillons de céréales pour petit-déjeuner, de légumineuses et de pâtes, plus de la moitié présentaient des traces de glyphosate. Il y a "urgence pour l'Union européenne à renoncer à l'usage de cette molécule", concluait l'ONG.