Pour les réconcilier avec la politique, ces acteurs de terrains forment les jeunes à devenir maires

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Théo Maneval, édité par Marthe Ronteix , modifié à

Alors que les élections municipales se profilent pour 2020, une association propose une formation aux jeunes pour les inciter à s'engager en politique. Le reporter d'Europe 1 a rencontré des participants avant de partager pendant quelques heures le quotidien du plus jeune maire de France.

Absents du "grand débat national", les jeunes semblent parfois se désintéresser de la politique. Et pourtant, certains ont toujours la vocation, comme l'a constaté le reporter d'Europe 1 auprès de l'association "Tous élus", qui tente de convaincre les jeunes de se présenter aux élections municipales de 2020.

Former les jeunes pour les intéresser. Le mot d'ordre de "Tous élus" est "Pourquoi pas toi". L'objectif de l'association est de former 500 futurs candidats aux élections municipales. Elle s'adresse à des jeunes de tous les milieux et de toutes les tendances politiques sans distinction. Parce qu'aujourd'hui, "on constate tous cette fracture, ce fossé, entre jeunes et politique", explique Vianney Louvet, co-fondateur de l'association "Tous Elus", au micro d'Europe 1. 

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"Quand je parle de politique aux gens, la première réaction c'est les yeux au ciel : 'De toute façon je comprends pas quand ils parlent, c'est un monde qui est tellement loin de nous, je n'ai aucune prise sur ce monde-là, et je le rejette complètement'. Donc on a envie de redonner envie aux jeunes de s'engager en politique, de les former aussi, de leur donner des outils... Parce que c'est pas tout de dire 'Engage toi', il faut aussi savoir ce que c'est, rendre ça sexy quoi... Que ça donne envie de s'engager en politique."

Une formation variée de six mois. Cette formation apolitique comporte plusieurs étapes étalées sur six mois. Il s'agit de faire comprendre, d’abord, le fonctionnement de nos institutions. Cela commence par des vidéos sur le thème "à quoi servent nos impôts" ou "quel est le champ de compétences d'un maire". Les participants devront ensuite mener en ligne une vraie fausse campagne électorale avant de commencer un camp d'entrainement. Les futurs candidats apprendront alors à prendre la parole en public.

"On n'a plus à penser à la partie expertise". Parmi les 700 inscrits de la formation, David, 27 ans, compte mettre en pratique ces nouvelles compétences pour briguer la mairie de Créteil, dans le Val-de-Marne. "Sur les finances d'une collectivité, sur de l'urbanisme, c'est quelque chose qui va vraiment nous permettre d'avoir un regard plus aiguisé sur ce qui est fait aujourd'hui au niveau de la ville", décrit-il au micro d'Europe 1.

"[Cela va nous permettre] de lire peut-être les documents différemment, de lire les budgets différemment... Ça nous soulage énormément, parce que ce qu'ils font demande un temps et une énergie extrêmement coûteuse : on n'a plus à penser à toute cette partie expertise qu'on doit acquérir."

Le quotidien d'un jeune maire ? "Chronophage". Le quotidien d'élu si jeune n'est, toutefois, pas de tout repos comme le raconte à Europe 1 Louis Chambon, né en 1992 et élu maire du Falgoux, un village du Cantal de 126 habitants, à 21 ans. Le premier mot qui lui vient pour décrire son quotidien ? "Chronophage. C'est mouvementé. Il y a des jours où on n'a pas l'impression de vivre pour soi." "Le jour où ça débute vraiment, où les premiers dossiers compliqués arrivent, les premiers conflits de voisinage, c'est là qu'on voit qu'il y a très peu de formation. On se forme sur le terrain."

Entendu sur europe1 :
Il y a d'anciens élus qui ont pu faire quelques commentaires des fois en me disant que j'étais peut-être pas mûr

Sur le terrain, d'ailleurs, les jeunes maires sont souvent accueillis avec prudence. "Il faut que je sois honnête", a confié Francis, l'un des administrés de Louis Chambon. "Je ne le connaissais pas, donc j'ai été très surpris ! Mais la commune est bien gérée." Il a aussi dû convaincre des élus plus âgés. "Il y a d'anciens élus qui ont pu faire quelques commentaires des fois en me disant que j'étais peut-être pas mûr..", raconte le jeune élu, confiant parfois se faire "engueuler" lorsque les dossiers n'avancent pas assez vite.

"Mais sinon j'ai vraiment reçu de la bienveillance. Certains maires qui m'ont même dit : 'Si tu as besoin de conseils, tu nous appelles, n'hésites pas'", poursuit-il toutefois. Le terrain et le travail d'équipe sont d'ailleurs  les deux atouts indispensables pour un jeune maire, assure Louis Chambon qui compte bien se représenter l'année prochaine.