Au premier abord, sur les étagères de cette librairie du 11e arrondissement de Paris, on pourrait croire que sont rangés des romans sucrés pour ados, à la couverture flashy et colorée, au marketing ultra soigné. Pourtant, ce sont des guides écrits par des hommes, des religieux saoudiens salafistes, pour la plupart. Les jeunes filles, parfois adolescentes, viennent se les procurer comme on achèterait un guide de développement personnel.
Un islam très rigoriste. Dans ces livres, on lit par exemple qu'il faut laver les vêtements de son mari ou encore qu'"une femme qui se défait de son voile tombe dans les bas fonds". Des assertions qui reflètent un islam très rigoriste, mais qui, présentées comme ça, ne choquent pas Leïla, 17 ans, lectrice de la "Femme éternelle" : "On retrouve des trucs comme ça dans les livres, mais c'est vrai que dans notre religion les femmes devraient être voilées. C'est vraiment pour nous conseiller, pour être meilleures", assure-t-elle.
"On va halalisé tout". Outre les livres, on trouve dans cette librairie islamiste tous les objets du quotidien qui doivent avoir le label halal. Une façon de dicter le comportement de ceux qui veulent appartenir à la catégorie des "bons musulmans", dénonce la sociologue Hasna Hussein : "Le label halal cartonne un peu partout. Il y a le yaourt halal, le coca halal, on va halalisé tout", regrette-t-elle. Y compris les jouets, vendus dans ces mêmes magasins : des ours en peluche sans yeux, donc sans âme ou encore des poupées qui parlent et qui répètent : "je fais la prière cinq fois par jour. Allah aime ceux qui font la prière"...