Des magasins d'un nouveau genre... Le groupe Casino a annoncé cette semaine son intention de vendre 20 hypermarchés alors que, dans le même temps, Monoprix développe ses magasins sans caisse dans Paris. Faut-il s'attendre à une mutation majeure du monde de la distribution ?
Pour Philippe Moati, cofondateur de l'observatoire société et consommation, auteur de La nouvelle révolution commerciale, invité d'Europe 1 dimanche, "aujourd'hui ce qui fait rêver, c'est le petit, c'est le proche", plus l'hypermarché.
La fin des hypermarchés ? Les hypermarchés, "format emblématique de la modernisation du commerce", avaient débarqué en force dans les années 70 et n'ont "pas cessé de prendre des parts de marché", indique le cofondateur de l'observatoire société et consommation. Mais c'est désormais un nouveau cycle qui s'amorce. "Ce format, inventé dans les années 60, n'est plus tout à fait en phase avec ce qu'est devenu la technologie, les modes de vie et la concurrence. Il amorce un déclin, même si l'hypermarché conserve des atouts qui sont reconnus", poursuit-il alors que 80% de la population fréquente les hypermarchés.
Ces très grands magasins qui regroupent alimentation, habillement et accessoires souffrent de la concurrence. "On est plutôt dans une logique de recul. Ça a commencé il y a déjà plusieurs années dans les rayons non alimentaires avec la concurrence des grandes surfaces spécialisées et plus récemment du commerce en ligne", explique Philippe Moati.
"Ce qui est plus inquiétant, c'est que l'on voit désormais une érosion des positions dans l'alimentaire qui est leur cœur de métier", précise-t-il. "Pour un consommateur sur deux, fréquenter un hypermarché est associé à la corvée. Il y a trente ans, les grandes surfaces incarnaient l'abondance, la démocratisation de l'accès à la consommation. Aujourd'hui ce qui fait rêver, c'est le petit, c'est le proche, c'est l'authentique...".
Vers des magasins sans caisse. Le "réenchantement" du commerce passera-t-il par l'arrivée de magasins ultra-connectés ? Aux Etats-Unis, Amazon propose déjà plusieurs magasins sans caisse, Amazon Go, et prévoit d'en ouvrir 3.000 d'ici 2021. "Dans le dispositif d'Amazon, on s’identifie avec son téléphone et ensuite, grâce à un système de caméras assez ingénieux, on met les produits dans son cabas et on ressort", détaille l'auteur de La nouvelle révolution commerciale.
Avec ce système, "on supprime le plus irritant, c'est-à-dire le passage en caisse". "On pourra dire 'c'est dommage, on se prive de l’interaction', mais en réalité, l'interaction que l'on a avec le caissier ou la caissière est extrêmement faible. Donc on peut craindre, cette fois-ci, que ces emplois vont être détruits", conclut-il.