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Louise Sallé / Crédits photo : JENS BUTTNER / DPA / dpa Picture-Alliance via AFP
L'association Caméléon diffuse, depuis mardi, une campagne de sensibilisation pour lutter contre la pédocriminalité en ligne. La moitié des images de jeunes mineurs partagées sur des sites pédocriminels proviennent de clichés postés par les parents sur les réseaux sociaux.

Si vous publiez des photos de vos enfants sur les réseaux sociaux, sachez que ce n’est pas sans danger. 53% des parents le font, d’après l’Observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique. Problème : la moitié des images de jeunes mineurs partagées sur des sites pédocriminels proviennent de ces clichés naïvement postés par les parents.

Une nouvelle campagne choc, mise en ligne depuis mardi 8 octobre par l’association Caméléon, spécialisée dans la protection des enfants face aux violences sexuelles, met en garde contre ce partage d’informations. 

"Les prédateurs sexuels vous disent merci"

Dans la vidéo, une mère distribue des photos de sa fille à tous les gens qu’elle croise dans la rue. "Ça, c'est à la gym parce qu'elle va à la gym juste à côté tous les mercredis à 17 heures, et ça ce sont nos dernières vacances aux Canaries...". La vidéo se conclut par le message : "Sans le savoir, c’est ce que vous faites en exposant vos enfants sur les réseaux. Les prédateurs sexuels vous disent merci".

"Avec le déploiement des capacités technologiques, et l’aide de l’intelligence artificielle, vous pouvez retrouver le visage de votre bébé sur le film d'un viol d'enfant…", avance Violaine Monmarché, directrice adjointe de l’association Caméléon. 

"Grooming" et "sextorsion"

"La géolocalisation de la photo postée peut même renseigner sur les activités quotidiennes de l’enfant, du lieu où il se rend et à quelle heure", poursuit-elle. "Et plus on va donner d'informations sur ce qu'il aime, plus on va ouvrir aussi la porte à ce phénomène qui est le 'grooming', c'est-à-dire la capacité qu’a un criminel d’entrer en contact avec lui et de créer du lien".

Les conséquences de cette mise en relation peuvent être terribles. "Le pédocriminel peut contacter l’enfant de manière à exercer un chantage auprès de lui, pour obtenir plus de contenus pédocriminels, en lui demandant de se dénuder face caméra, ou même d’avoir des interactions sexuelles… C’est ce qui s’appelle la "sextorsion" et ça peut aller très très loin", explique Véronique Béchu, auteure du livre Derrière l'écran : Combattre l'explosion de la pédocriminalité en ligne, et commandante de police à l’Office Mineurs.  

L’Office Mineurs a reçu, entre l’été 2023 et l’été 2024, près de 150.000 signalements des contenus pédocriminels échangés sur les plateformes. "Et depuis une petite dizaine d’années, ces signalements ont augmenté de 12.000%", indique Véronique Béchu. Une véritable explosion.