Pour les experts des principaux centres de recherches français sur les impacts socio-économiques du changement climatique - l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE), l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) -, la France n’est pas prête à affronter les conséquences du réchauffement climatique.
Même dans un monde au minimum réchauffé à +2°C d’ici la fin du siècle - c’est-à-dire si tous les États appliquent l’ensemble de leurs promesses pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre -, les vagues de chaleur, les inondations et tempêtes, les sécheresses ou encore les feux de forêts seront de plus en plus intenses dans les années à venir. Mais malgré toutes les prévisions scientifiques connues, sur chaque événement extrême qui pourrait s’abattre à répétition sur la France, le pays ne s’est pas adapté au climat qui change.
L’adaptation au changement climatique, parent pauvre des politiques publiques
L’Etat n’oblige ainsi jamais à interroger, pour chaque construction, la résilience des matériaux ou des technologies utilisées. Selon le chercheur en adaptation à l’Institut économique pour le climat (I4CE), Vivian Dépoues, c’est une notion qui est même ignorée dans les aménagements les plus récents, effectués avec de l’argent public.
"Il y a une grande accélération ces dernières années, par exemple, des aides à la rénovation thermique des logements", explique-t-il au micro d'Europe 1. "Mais le critère du 'confort d’été', c’est-à-dire faire en sorte que ces logements soient rénovés pour être confortables sans climatisation l’été, n’est pas du tout pris en compte dans les rénovations qui se concentrent uniquement sur la réduction de la perte de chaleur pour l’hiver", regrette-t-il.
Des feux de forêts plus intenses contre lesquels il faut des moyens adaptés
S’adapter, c’est par exemple surélever une habitation pour la protéger d’éventuelles inondations, ou végétaliser une ville pour la rafraîchir. Mais c’est également se préparer à intervenir en cas d’urgence. "Il y aura au moins 30% de surface en plus concernée par les feux de forêts en France d’ici 2050", alerte Vivian Dépoues. "Les saisons des feux seront beaucoup plus longues et les forces mobilisées devront tenir dans la durée, mais ce n’est pas intégré dans les moyens donnés aux services de secours pour se préparer", déplore le chercheur.
S’adapter, c’est enfin prévoir des indemnisations. Sur le littoral français, la valeur des logements menacés par la montée des eaux s’élève ainsi à près de huit milliards d’euros selon le Centre d'études et d'expertise sur les risques (Cerema). Cette valeur risque bien évidemment de chuter dans les décennies à venir, et donc de fragiliser de nombreux propriétaires qui s’estimeront lésés, et réclameront des aides financières.