La seconde phase de résultats de la procédure APB (Admission Post-Bac) a été mise en ligne lundi à 14 heures. Très attendue, cette dernière a sûrement fait pâlir plus d'un lycéen. En effet, à l'issu de ce deuxième tour, pas moins de 6.000 bacheliers demeurent sans affectation.
Lancé pour la première fois en 2009, le site APB a été créé sous l'impulsion du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Son but : assurer à tous les bacheliers une place dans un établissement français de l'enseignement supérieur. Cependant, le système, opaque, fait l'objet de multiples critiques depuis ses débuts. Fin 2012, un rapport de l'Education nationale pointait déjà quelques unes de ses défaillances.
Début mai, une pétition dénonçant le mode de sélection de la plateforme a même été mise en ligne sur le site Change par la FAGE (Fédération des associations générales étudiantes). L'année dernière, seuls 56 % des lycéens ont eu leur premier vœu. Une proportion faible, qui explique une partie du mécontentement.
Raisonnement sectoriel. APB fonctionne grâce à un algorithme. Le 1er juin 2016, en réponse aux différents syndicats étudiants mettant en avant le droit à comprendre la "cuisine interne" du site, l’Education nationale a diffusé un document dévoilant les principaux rouages et le code source du système.
Comme le soupçonnaient organisations et lycées, le classement se base sur une logique sectorielle. En clair, un étudiant postulant pour une licence qui n’est pas située dans son académie part avec un retard par rapport à celui appartenant à l’académie de la licence, et ce même s’il a des meilleures notes. "Le candidat qui passe le bac ou qui réside dans l'académie du siège de l'établissement proposant la formation de licence/PACES est classé avant le candidat qui n'est pas de l'académie et postule sur la même formation" résume le ministère.
Si APB fonctionne de cette manière, c'est parce que l'algorithme reflète la position française dans le débat sur l'accès à l'enseignement supérieur. En effet, dans ce qui est initialement un souci d'égalité et de justice, les universités n'ont pas le droit de sélectionner les étudiants à l'entrée. Ainsi, elles se retrouvent obligées d'admettre les postulants sur le seul critère géographique.
Pression démographique et tirage au sort. Autre explication aux travers d'APB : une certaine "poussée" démographique pèse sur le système de répartition et constitue une variable extérieure handicapante. Cette année, on compte très exactement 864.324 candidats inscrits sur la plateforme au 1er juin selon l'Education nationale. L'année dernière, ils étaient quasiment 50.000 de moins.
Comment expliquer cette augmentation des candidatures ? Deux phénomènes peuvent être mis en avant : l'arrivée des baby-boomers des années 2000 dans le supérieur et le fait que les lycéens soient de plus en plus nombreux à désirer entamer des études supérieures. Selon les dernières prévisions de l'Education nationale, cette hausse devrait se poursuivre jusqu'en 2024.
Tout comme en 2016, seulement quatre filières concentrent la moitié des candidatures. Au top du classement, on retrouve les études de santé (aussi connues sous le nom de Paces), le droit, les études de sport et la psychologie.
Afin de faire face à ce flux de demandes, les licences les plus demandées ont mis en place des capacités d'accueil limitées. Les étudiants sont sélectionnés sur la base d'un tirage au sort, effectué par APB.
Autoriser le tirage au sort, c'est un premier pas vers la sélection à l'université.
Selon l'Unef (Union nationale des étudiants en France), ce "mode de sélection inégal" concernait 32 formations en 2016. D'après la présidente du syndicat Lilâ Le Bas, "autoriser ainsi le tirage au sort, c'est un premier pas vers la sélection à l'université". Pour cette dernière, "l'urgence est pourtant de donner à l'université les moyens financiers d’accueillir tous les bacheliers et de développer des cursus plus progressifs afin d'éviter ces engorgements et de lutter contre l'échec. "
Une procédure anxiogène. A la rentrée 2016, un sondage réalisé par l'Ifop à la demande de L'Etudiant a révélé que pour 61 % des parents, APB est un "outil flou". Il en va de même pour les élèves : mal informés, troublés par le nombre de dates qu'il faut respecter, ces derniers parlent souvent d'APB comme d'une plateforme anxiogène marquée par un manque d'anticipation.
Dans les faits, la procédure APB est fragmentée en plusieurs tours. A l'issue de ces derniers, les lycéens sont tous censés avoir une place dans un établissement à la rentrée prochaine. Cependant, entre les tours, les enfants sont souvent en proie à la panique. Dans une interview accordée au Figaro, Pascal Charpentier, le secrétaire national des personnels de la direction à l'Unsa (SPDEN) également proviseur faisait part de sa colère : "Cette année, au lycée du Parc, dix lycéens sont restés sur le carreau. Ils ne comprennent pas. Ils sont inquiets. Et en plus, on leur annonce la nouvelle une semaine avant les premières épreuves du bac !".