Moins médiatique que le bac, le brevet des collèges ne bénéficie pas non plus de la même réputation. Alors que les quelque 800.000 élèves de troisième planchent jeudi et vendredi sur leurs épreuves, le Diplôme national du brevet (DNB) soulève, à part pour les principaux concernés et leurs proches, une relative indifférence. Quand il n’est pas ouvertement critiqué pour sa supposée inutilité, puisque la poursuite des études ou le passage en seconde ne dépend pas de son obtention. Pourtant, les raisons de le conserver existent bel et bien.
Pour l’élève
Le brevet reste le premier examen de la scolarité. Même s’il n’est organisé que sur deux jours et que les épreuves durent moins longtemps qu’au bac, c’est une bonne préparation pour les futures échéances, à la fin de la terminale ou plus tard. "Oui, ça ressemble à un vrai examen, même si les élèves ne se rendent pas malades avant de le passer", confirme la sociologue Marie Duru-Bellat.
Mais pour cette professeure émérite à Sciences-Po, l’essentiel est ailleurs. "Le plus important, c’est la carotte. On peut trouver ça triste, mais, surtout en troisième, où les adolescents peuvent être parfois difficiles, il y a besoin d’une carotte. C’est une stimulation très utile pour les professeurs", poursuit la sociologue. "On préfèrerait que les élèves travaillent pour l’amour de l’art, mais ça ne marche pas comme ça", sourit-elle. Grâce au brevet, les enseignants peuvent organiser leur travail avec un objectif final en tête.
Et puis, avantage non négligeable, le DNB peut aussi apporter un complément pécuniaire aux élèves déjà boursiers. Ceux qui auront reçu la mention bien ou très bien au brevet ont en effet droit à cette bourse au mérite complémentaire, d’un montant variant entre 400 et 1.000 euros annuels.
Pour la société
Pour Marie Duru-Bellat, l’organisation du brevet va en fait de soi. "Dans la loi, il est dit qu’à 16 ans, quand l’école n’est plus obligatoire, chaque élève doit posséder un socle commun de connaissances. Si on n’essaye pas de vérifier que ces connaissances sont acquises par un examen, aussi imparfait soit-il, alors ce n’est pas la peine de le mettre dans la loi", explique la sociologue.
Et puis le brevet, c’est aussi une photographie à un instant donné sur le niveau d’une classe d’âge. Ce qui est toujours utile. "Même si les conditions d’organisation des épreuves changent d’un établissement à l’autre, il y a une part raisonnablement comparable", reprend Marie Duru-Bellat. "Et du coup, si on regarde les résultats dans le détail, si un établissement n’a que 65% de réussite (contre près de 90% au niveau national, ndlr), ça permet de détecter qu’il y a un problème."
En fait, le brevet des collèges reste surtout utile car il permet de prendre la température de la jeunesse. "Et casser le thermomètre, ça peut être dangereux", prévient Marie Duru-Bellat.