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Romain David , modifié à
Les pompiers entament à partir de mercredi une grève qui pourrait se prolonger jusqu’à la fin de l'été. Ils réclament notamment une meilleure coordination entre les différentes plateformes de secours.

La grogne monte dans les casernes françaises. Sept syndicats de pompiers ont déposé des préavis de grève de 24 heures à compter de mercredi et jusqu'à la fin du mois d'août. Ils entendent ainsi dénoncer leurs conditions de travail, l’absence de revalorisation de leur prime de risque depuis 1990, ou encore le silence des pouvoirs publics face à leur cris de détresse. Avec de moins en moins de moyens et de plus en plus d’intervention – une toutes les six secondes -, souvent éloignées de leur mission originelle, les pompiers appellent désormais pour une grande partie d’entre eux à une restructuration de leur profession.

"On fait face à une transformation du métier de pompier. Ce que l’on appelle le soldat du feu est en passe de devenir un peu obsolète", relève au micro de Wendy Bouchard, dans Le Tour de la question sur Europe 1, Yaël Lecras, vice-président du Syndicat national des pompiers professionnels, organisation qui, pour l’heure, ne s’est pas jointe au mouvement de grève. "La part du secours d’urgence aux personnes représente 84% de notre activité, et les incendies plus que 7%", indique-t-il.

 

>> De 9h à 11h, c’est le tour de la question avec Wendy Bouchard. Retrouvez le replay de l’émission ici

Une multiplication des différents acteurs

Pour ce syndicaliste, une mauvaise gestion du traitement de l’alerte explique en partie la surcharge à laquelle les pompiers doivent faire face ; la multiplication des numéros de secours a tendance à pousser la population, souvent mal informée sur la fonction et le rôle de telle ou telle plateforme, à se tourner spontanément vers les pompiers. "Beaucoup de gens ont des difficultés d’orientation. En France, nous avons la particularité d’avoir un grand nombre de numéros d’appel et la population n’est plus éduquée à ça. Si je vous demande s’il faut faire le 17, le 15 ou le 112… à chaque fois il faut une dissertation pour comprendre comment ça fonctionne", déplore-t-il.

"Tous les jours, nous sommes la variable d’ajustement. Quand les autres acteurs ne peuvent pas intervenir, ils appuient sur le bouton rouge, parce que les pompiers répondent toujours au téléphone et partent toujours en intervention", explique également dans Le Tour de la question Olivier Richefou, le président de la Conférence nationale des services départementaux d’incendie et de secours (SDIS).

Mettre en place une plateforme unique

En conséquence, ce responsable réclame la fusion des différentes plateformes de secours vers un numéro unique, déjà existant, le 112, numéro valide dans l’ensemble des pays européens. Né au début des années 1990, ce numéro a toutefois mis plus d’une décennie pour parvenir à s’imposer dans certains pays, faute de notoriété notamment. Désormais, certains membres de l’Union, tels que l’Espagne, le Danemark ou encore le Portugal, ont abandonné leurs propres numéros d’urgence au profit du 112.

"Il y a deux façons de réagir : soit on accepte cette fuite en avant qui consiste à avoir tous les ans une augmentation de 6 à 7% du nombre des interventions, notamment sur le secours à la personne […], soit on met autour de la table tous les acteurs, notamment ceux de la santé", poursuit Olivier Richefou pour qui les autorités doivent repenser la manière dont s’articule les différents services d’appel d’urgence. "Il faut des plateformes départementales de réception des appels d’urgence qui permettent d’avoir, sur un même lieu, tous les acteurs qui reçoivent l’appel et ainsi peuvent mieux se coordonner", plaide-t-il.

"Que chacun accepte de perdre quelque chose pour le mettre en commun"

Mais encore faudra-t-il que les services déjà existants renoncent à leur pré carré. "Chacun veut garder son service d’alerte et de traitement des alertes", concède le patron de la Conférence nationale des SDIS, qui dit attendre un geste du Premier ministre et du président de la République pour mettre fin aux querelles de clochers en la matière.

"Cela représente des changements d’organisation important pour lesquels nous ne sommes pas encore préparés", nuance Yaël Lecras. "Il faut que le système évolue vers ce numéro unique et que chacun, le 15, le 17, etc. accepte de perdre quelque chose pour le mettre en commun et que l’on soit beaucoup plus intéressant pour la population", note-t-il. "On aurait une population qui constitue un seul numéro, le 112. Ce débrouillage n’empêche pas la réaction rapide : on aurait des réponses des différents métiers", conclut-il.