Une fois de plus, la neige a généré la pagaille sur les axes routiers, les rails, et même à l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle. Mais comment expliquer qu'à chaque fois que les flocons tombent sur la France, la galère s'installe en même temps que le manteau blanc ?
Routes difficilement praticables, avions cloués au sol, trains retardés, voire annulés... À chaque fois que France connaît un épisode neigeux, c'est la même ritournelle : la galère s'installe en même temps que le manteau blanc. Dernier exemple en date avec la tempête Caetano : des embouteillages monstrueux à Paris recensés, 10% des vols annulés à l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle, de très nombreux retards au départ de la gare de Montparnasse, et ce vendredi, entre 2.000 et 2.500 camions encore bloqués sur l'A36. Sans oublier les 200.000 foyers privés d'électricité.
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Pas une science exacte
Pourtant, Météo-France avait anticipé le phénomène et placé une cinquantaine de départements en vigilance orange dès 6h du matin , dont 33 pour neige-verglas. L'organisme avait prévu une dizaine de centimètres de neige en Normandie, et entre 1 et 3 centimètres à Paris et sur la petite couronne. Le plan Neige-Verglas en Île-de-France est même passé au niveau 2 jeudi à 11h. Et pourtant rien ne semble y faire. La pagaille s'installe sur la route, les rails et même dans les airs. Alors comment l'expliquer ?
La première des raisons est la plus simple : "la neige est ce qu'il y a de plus difficile à prévoir", expliquait l'expert météo Laurent Cabrol à Europe 1 en 2018 . Selon lui, les radars météo permettent de prévoir si les nuages sont porteurs d'une certaine quantité d'eau, mais ils ne peuvent pas prédire en revanche si cette dernière va tomber sous forme de neige, ou non. Et en ce qui concerne les flocons, un demi-degré peut faire la différence entre une route enneigée et difficilement praticable, ou une route simplement mouillée.
La France n'est pas bien équipée...
Mais si la neige relève plus du défi qu'autre chose pour quiconque a besoin de se déplacer, c'est également en raison de nos infrastructures. La France n'est tout simplement pas équipée pour faire face à d'importantes chutes de neige. Et pour cause, cela coûterait trop cher. Un état de fait assumé par les autorités, puisqu'en février 2018, alors que la France était couverte de 5 à 10 cm de neige, le porte-parole de l'époque, Benjamin Griveaux, déclarait : "On ne va pas adapter nos infrastructures à un moment exceptionnel".
Six ans plus tard, alors que le projet de loi du budget 2025 est placé sous le signe de l'économie, et que la fiscalité est un sujet hautement sensible pour de nombreux Français, difficile de justifier de dépenser l'argent du contribuable pour un phénomène qui n'arrive pas tous les quatre matins.
... et les automobilistes non plus
Et si le pays n'est pas équipé en conséquence, il en va de même pour une grande partie des automobilistes. Le site de la sécurité routière rappelle ainsi que seulement 34 départements français sont soumis à l'obligation, entre le 1er novembre et le 31 mars, d'avoir monté des pneus neige sur son véhicule, ou a minima d'être en possession de chaînes, voire de chaussette à neige.
S'il neige dans les départements qui ne sont pas concernés par cette obligation, et c'est notamment le cas de tous ceux de la région Île-de-France, les véhicules non équipés perdent donc en adhérence, peuvent paralyser un axe routier (empêchant par la même le passage des engins de déneigement), voire causer un accident grave. Jeudi soir, après un grave accident de la route impliquant un bus, quatre voitures et un deux-roues, cinq personne se trouvent en urgence absolue , et 31 autres en urgence relative.