"Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras", soupire Thierry Breton. Mercredi, Renaud Muselier, président de la région PACA, a annoncé s'être positionné auprès de l'ambassadeur de Russie pour une "précommande" de 500.000 vaccins anti-Covid Spoutnik V, "sous réserve de l'autorisation" européenne. Une nouvelle qui a provoqué l'agacement de Clément Beaune, secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, qui craint des inégalités sur le territoire français, et la perplexité de Thierry Breton, commissaire européen, qui estime vendredi sur Europe 1 que Renaud Muselier n'en aura de toute façon "pas besoin".
Cela selon lui parce que Pfizer s'apprête à livrer 50 millions de doses de plus que prévu à l'UE, dont sept millions à la France. "Rien que pour la région PACA, il y aura 534.000 doses supplémentaires. Ce sont des doses que Renaud Muselier n'avait pas prévu et qui ne seront pas à la charge de ses concitoyens", précise Thierry Breton.
"Peut-être a-t-il été mal informé"
Interrogé sur l'absence de compétence de la région en matière sanitaire, Renaud Muselier, qui sera dimanche l'invité du Grand Rendez-vous sur Europe 1, a précisé qu'il mettrait ces doses "à disposition de l'ARS pour avoir des vaccinations avec mes vaccinodromes" et qu'il avait "prévenu" le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian de son "contact avec monsieur l'ambassadeur de Russie".
Le commissaire européen s'interroge cependant sur l'aspect pratique de cette précommande. "Quand on donne des chiffres, il faut savoir d'où ils viennent. Si jamais monsieur Muselier signe ce contrat, il faut savoir qu'il faut plusieurs mois pour que l'usine soit mise en place puis 100 jours pour fabriquer le vaccin. Donc on n'aura rien avant la fin de l'année." Il conclut : "Peut-être a-t-il été mal informé. En tout état de cause, la bonne nouvelle, c'est que je lui annonce qu'il n'en aura pas besoin."