Pour la première fois, un président français va être élu sous état d'urgence. Un an et demi après l'entrée en vigueur de ce régime d'exception, décidée au lendemain des attentats du 13-Novembre, Emmanuel Macron ou Marine Le Pen succédera la semaine prochaine à François Hollande et devra se positionner sur une éventuelle nouvelle prolongation de ce régime d'exception. En attendant, le deuxième tour du scrutin va à nouveau se tenir sous haute sécurité, dimanche. Comme le 23 avril, plus de 50.000 policiers, gendarmes et militaires de l'opération Sentinelle seront déployés en France. Et les autorités accordent une importance toute particulière aux rassemblements qui suivent traditionnellement l'annonce du vainqueur, particulièrement difficiles à sécuriser.
- À quoi ressemblera la fête ?
A priori, à aucune de celles qui ont déjà eu lieu. Au-delà du caractère inédit du deuxième tour sur le plan politique - ni représentant du Parti socialiste, ni de la droite républicaine -, la menace terroriste prégnante, rappelée par de récentes arrestations et l'attentat des Champs-Elysées, change la donne. Lors des précédentes élections, les gagnants avaient opté pour de grandes places parisiennes. En 2007, Nicolas Sarkozy avait réuni 30.000 personnes à la Concorde. Cinq ans plus tard, des dizaines de milliers de personnes investissaient la place de la Bastille dès le début de la soirée, assistant à des concerts et des discours en attendant l'arrivée du vainqueur, François Hollande. Dans les deux cas, la foule dense débordait dans les rues adjacentes et les transports en commun avaient été rapidement saturés.
En 2017, difficile d'imaginer pareille fête alors que la sécurité de tous les événements rassemblant du public est considérablement renforcée, particulièrement depuis l'attentat au camion commis à Nice l'été dernier. Depuis plusieurs semaines, le ministère de l'Intérieur travaille donc, en collaboration avec les équipes des candidats, à l'élaboration de dispositifs spécifiques aux fêtes post-résultats.
- Où aura-t-elle lieu ?
L'équipe d'Emmanuel Macron a envisagé plusieurs lieux, tous dans Paris. Le Trocadéro, la Concorde, la place de la République ou la Bastille ont été écartés car jugés trop associés à l'image de précédents vainqueurs, ou trop marqués politiquement. Le candidat d'En marche ! aurait aimé rassembler ses partisans au bout de l'esplanade du Champs de Mars, entre la Tour eiffel et l'Ecole militaire. Un lieu que la préfecture de police de Paris jugeait possible de sécuriser. Mais la mairie de Paris a refusé, l'endroit devant être préservé en vue d'une visite par les membres de la commission d'évaluation du CIO, en repérage dans le cadre de la candidature de Paris pour les Jeux Olympiques de 2024. L'ancien ministre de l'Économie a finalement opté pour l'esplanade du Louvre. 20.000 personnes seulement sont attendues, selon le dispositif prévu.
Qu'elle perde ou qu'elle gagne, Marine Le Pen ne convoite, elle, aucune place parisienne. La candidate du Front national réunira au maximum quelques centaines de sympathisants au Chalet du Lac, une guinguette située dans le bois de Vincennes.
- Quel dispositif de sécurité sera déployé ?
Des contrôles de sécurité et des fouilles des sacs sont à prévoir pour les partisans souhaitant célébrer la victoire dimanche soir. Si Marine Le Pen l'emporte, la mission s'annonce plus simple, le Chalet du Lac étant un lieu clos. Si c'est Emmanuel Macron, un dispositif comparable à celui des fan zones de l'Euro 2016 pourrait être déployé, selon 20Minutes. Les visiteurs de ces espaces étaient fouillés à plusieurs reprises et en différentes entrées, afin d'éviter de longues files d'attentes pouvant devenir des cibles.
Quant aux effectifs déployés, "plus de 12.000 policiers et militaires" seront mobilisés pour la seule agglomération parisienne, dont 5.000 effectifs spécifiquement dédiés à la sécurisation du scrutin et à la garantie de l'ordre public."Nos forces de l'ordre seront également particulièrement mobilisées pour assurer la sécurisation des célébrations, rassemblements et manifestations qui se dérouleront à l'issue de la divulgation des résultats", précise le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Pierre-Henry Brandet. Une cellule de suivi sera, comme lors du premier tour, activée dans les locaux du ministère de l'Intérieur, place Beauvau, "de manière à adapter en permanence les dispositifs de sécurité et prévenir et contenir les éventuels troubles à l'ordre public qui pourraient survenir".
Le soir du premier tour du scrutin, une manifestation de plusieurs centaines de jeunes "antifascistes" à Paris, "contre" Emmanuel Macron et Marine Le Pen, qualifiés pour le second tour, avait notamment été émaillée d'échauffourées avec la police. Dimanche, la préfecture de police de Paris mobilisera donc "un dispositif de sécurisation renforcée par la mise à disposition d'unités de forces mobiles pré-positionnées sur le territoire de l'agglomération". Des arrêtés d'interdiction de séjour ciblés à Paris seront également pris par le préfet de Police, Michel Delpuech.