Faute de bras, les hôpitaux des quatre coins du pays sont touchés par le manque d'effectifs. Certaines urgences près de chez vous ferment leurs portes comme dans l'Oise, le Vaucluse, l'Hérault ou encore la Vendée. À Montaigu, justement, le CHU a dû fermer ses urgences tout le week-end, faute d'urgentistes et de pédiatres. Depuis hier matin, le personnel soignant des urgences de l'hôpital de Rouen s'est mis en grève illimitée. "Les agents, ils n'en peuvent plus. Il y a eu toutes les vagues successives qui sont passées à l'hôpital", explique Frédéric Louis, secrétaire général de la CFDT pour qui la situation n'est plus tenable.
"Le personnel soignant a toujours répondu OK, mais là on arrive au moment où la coupe est pleine", détaille-t-il au micro d'Europe 1. "Si on n'arrive pas à améliorer les conditions de travail en mettant le nombre d'agents suffisants par lits, on va arriver à décourager le personnel. Et ceux qui sont encore pleins de bonne volonté vont finir par partir. Il faudrait qu'il y ait au moins 15 à 20% d'effectifs en plus." Dans ce CHU rouennais, une cinquantaine de lits sont fermés, faute de recrutement. En attendant du personnel, l'hôpital comble les brèches avec le système des heures supplémentaires majorées.
Un appel à la solidarité envers les soignants
Alors que l'hôpital est à nouveau sous tension avec la cinquième vague de Covid-19, jusqu'où vont pouvoir tenir les personnels hospitaliers ? Ils "tiendront, mais dans des conditions qui sont de plus en plus difficiles", se désole Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France au micro d'Europe Midi. "Chaque nouvelle vague et chaque nouveau pic épidémique sont des épreuves plus difficiles pour les hospitaliers, dont il faut avoir la lucidité de dire qu'ils sont moins nombreux aujourd'hui à l'hôpital qu'ils ne l'étaient avant la crise."
Celui qui est également maire de Fontainebleau, appelle "à ce qu'on retrouve l'esprit de la première vague, c'est-à-dire l'esprit de solidarité qui a fait que beaucoup de professionnels de santé, même indépendants de l'hôpital, se sont mobilisés pour venir en aide aux services hospitaliers". Un retour au tout début de la crise sanitaire, lorsque la solidarité envers le personnel soignant était à son plus haut niveau. "On doit retrouver cet esprit du printemps 2020, parce que cette nouvelle vague, avec les incertitudes liées au variant Omicron, va frapper de plein fouet des organisations hospitalières déjà fatiguées."
La prime annoncée "ne va pas suffire"
Le Premier ministre Jean Castex a annoncé mardi matin une prime mensuelle de 100 euros nets pour les infirmiers et infirmières des services de soins critiques et de réanimation. Une mesure applicable dès janvier 2022 qui concerne 24.000 personnes. "Ces professionnels font un boulot formidable et surtout, n'oublions pas qu'ils en sont sans doute au énième report de vacances depuis deux ans parce qu'ils sont mobilisés depuis de très longues semaines", rappelle le président. "C'est un geste de reconnaissance supplémentaire, et tous les gestes de reconnaissance sont bons à prendre", concède-t-il.
Pour autant, "ça ne va pas suffire à faire en sorte que l'hôpital continue aussi à maintenir une activité normale" alerte Frédéric Valletoux. "Le danger de tout cela, ce sont les déprogrammations massives ! Le fait de dire à des Français 'revenez plus tard, quand on aura la possibilité humaine de pouvoir vous traiter, parce que là, on est accaparé par le Covid-19'", insiste-t-il. "C'est une perte de chance pour certains Français d'être déprogrammé, il faut donc éviter absolument ces déprogrammations massives, comme malheureusement déjà obligé de faire pour tenir."