Alors que son procès s'ouvre lundi à Londres, Guillaume Ledit et Olivier Tesquet, auteurs de Dans la tête de Julian Assange étaient les invités de Patrick Cohen, dimanche, dans C'est arrivé demain. L'occasion de revenir sur ce que l'activiste a, selon eux, changé dans la façon de faire du journalisme.
Qui est vraiment Julian Assange ? C'est la question à laquelle les deux journalistes Guillaume Ledit et Olivier Tesquet ont tenté de répondre avec leur livre Dans la tête de Julian Assange. L'occasion de revenir sur le parcours hors norme de cet activiste, qui a révélé en 2010 la vidéo d'une terrible bavure de l'armée américaine en Irak et, en 2016, diffusé des mails du Parti démocrate dont la source était en Russie. Deux faits d'arme qui lui ont valu d'être poursuivi par la justice. Et c'est celle du Royaume-Uni qui statuera lundi sur son sort. Elle pourrait en effet décider de son extradition vers les Etats-Unis, où il risque jusqu'à 175 années de prison.
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"Il a permis de modifier des situations politiques"
Personnalité clivante et émaillée de nombreuses zones d'ombre, l'Australien a marqué l'histoire - ou du moins le journalisme -, selon ses deux biographes. "Après quelques longs moins d'enquête, on peut estimer, en prenant un peu de recul, que Julian Assange a changé et modifié en profondeur la façon dont on considère internet et les potentialités d'internet. Et ce, notamment dans la pratique journalistique et la façon d'utiliser internet pour faire advenir une partie de ce que lui estime être la vérité, en partant des sources et en les mettant en ligne", explique Guillaume Ledit dans l'émission C'est arrivé demain, sur Europe 1.
Plus encore que de donner "un coup de fouet à la pratique journalistique", "il a permis dans certains cas de modifier des situations politiques", ajoute-t-il. Un point de vue partagé par son acolyte, Olivier Tesquet qui rappelle au passage la volonté initiale du hacker australien de faire de Wikileaks "une agence de renseignement du peuple" avec "l'idée de la transparence pour les puissants et la vie privée pour les citoyens".
Chelsea Manning, "véritable héroïne de l'histoire"
Pour Olivier Tesquet, le procès qui s'ouvre lundi et les condamnations qui pèsent contre l'activiste dépassent sa propre personne. "Il ne faut pas oublier que ce qui se joue dans le cas de Julian Assange et notamment dans le cadre de ces poursuites qui pèsent contre lui aux Etats-Unis va bien au-delà de son cas personnel mais concerne la liberté de la presse dans son ensemble", alerte-t-il, soulignant le soutien de certains médias, comme le New York Times, qui s'inquiètent des conséquences que pourrait avoir sa condamnation.
Mais si tous deux soulignent le rôle important joué par Julian Assange, ils tiennent toutefois à rappeler celui, non moins essentiel, de Chelsea Manning, l'ancienne analyste militaire de l'armée américaine qui lui a fourni les documents classés secret défense. "La véritable héroïne de l'histoire c'est Chelsea Manning. C'est la source des plus grandes révélations de Wikileaks, c'est elle qui a pris le risque et c'est elle la lanceur d'alerte. Julian Assange est un intermédiaire dont on a beaucoup parlé, mais un intermédiaire", insiste Guillaume Ledit.
Olivier Tesquet abonde, rappelant que la jeune femme qui avait écopé de 35 ans de réclusion en 2013, peine commuée quatre ans plus tard par Barack Obama lui permettant d'être libérée de prison, a de nouveau été incarcérée en mai 2019. Elle avait refusé de témoigner contre Julian Assange lors d'une audience devant un tribunal fédéral d'Alexandria, près de Washington. "Je ne renoncerai pas à mes principes, je préférerais littéralement mourir de faim que de changer d'avis", avait-elle alors déclaré en guise de réponse.