Au procès des attentats du 13 novembre 2015, la journée de vendredi a été consacrée à la description des scènes de crime au Bataclan, où 90 personnes sont mortes par balles. Un enquêteur de la brigade criminelle est venu raconter l'horreur de cette attaque. Un court enregistrement du début de la tuerie a aussi été diffusé.
Les constatations des scènes de crime des attentats du 13-Novembre ont continué vendredi avec notamment celles du Bataclan. Comme jeudi, l’enquêteur de la Brigade criminelle passé à la barre a parlé de scène de guerre, avec 90 morts par balles. Pour saisir l’horreur de cette soirée, un enregistrement audio du tout début de la tuerie a été diffusé. Ce sont 22 secondes qui durent "une éternité, mais c’est nécessaire pour montrer le coté brusque et la barbarie de l’instant", explique l’enquêteur après une longue inspiration, comme pour se donner du courage.
La bande démarre, le groupe Eagles of Death Metal joue un morceau, et très vite, des tirs en rafale se font entendre, forts, nourris. Il y a ensuite les cris de terreur et des guitares qui déraillent. Des parties civiles s’effondrent, d’autres se bouchent les oreilles.
"Je me suis revu, pendant ces secondes-là, surtout ce passage entre le moment où on ne sait pas trop ce que c'est, ces bruits, et là où on réalise que c'est digne des pires cauchemars, des pires films qu'on a vus", raconte Sébastien, rescapé, qui était dans la fosse lors du concert. "Là je me suis dit 'mais qu'est-ce qu'il se passe, qu'est-ce qu'on a fait pour en arriver là ?' Le plus a été de sortir de là-bas et une fois qu'on est vivant, on ne pas dire que ça soit dire d'assister à une reconstitution. Au contraire, c'est un travail de mémoire, et c'est à ça que sert le procès."
Un bilan "qui aurait pu être pire"
Une fois la diffusion de l'enregistrement terminée, c’est la voix du policier qui prend la relève, qui se "glisse" dans la voix des terroristes, retranscrites à partir de cet audio qui dure en réalité 2h38 et 47 secondes. "Couche-toi ou je tire, lève-toi ou je te tue", joue l’enquêteur, comme au théâtre. "Vous vous en prendrez à votre gouvernement, l’heure de la vengeance à sonné." Pas moins de 258 coups de feu sont enregistrés dans les 32 premières minutes, dont 52 depuis le balcon, près du dictaphone, en direction de la fosse.
"Nous avons eu 90 morts, mais ce bilan catastrophique aurait pu être bien pire", conclut l’enquêteur, la gorge nouée, près de six ans après les faits.