Un sweat blanc à capuche sur le dos et le bas du visage couvert d'un masque noir. Yassine Abaaoud, 26 ans, a témoigné jeudi devant la cour d'assise spéciale constituée pour les attentats du 13-Novembre. Le jeune Belge, frère d'Abdelhamid Abaaoud, le coordinateur des attentats, a été réfractaire voire sur la défensive face à la cour qui voulait comprendre ce qu'il y avait dans la tête de son grand frère.
"Je ne sais pas"
Aux questions des magistrats : "Quand l'avez-vous vu pour la dernière fois ? Aviez vous des contacts quand il était en Syrie ?" Les réponses de Yassine Abaaoud sont évasives. "Non, je ne sais pas. Je ne me souviens pas", a-t-il éludé la plupart du temps. "Pour ce qui est des faits, je ne suis pas capable de vous donner des informations. Dès lors, je ne sais pas si je vais pouvoir être d'une grande utilité dans ce procès", a affirmé d'emblée Yassine Abaaoud, témoignant depuis le siège du parquet fédéral belge à Bruxelles. Il affirme aussi n'avoir plus eu de contact avec son frère depuis janvier 2015.
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"Il m'a dit que ce n'était que le début"
A l'époque, se souvient le jeune homme, il se trouvait en prison en Belgique pour une affaire de droit commun. Abdelhamid Abaaoud l'a appelé pour lui parler des attentats de Charlie Hebdo. "Il m'a dit que ce n'était que le début", raconte Yassine. Quant au radicalisme d'Abdelhamid Abaaoud, il explique la tête baissée: "Mon grand frère a quitté le domicile familial à 16 ans. Je ne connaissais pas ses activités, ses fréquentations". Allant jusqu'à demander : "Est-ce que mon frère a vraiment fait ça ?"
Comme le reste de sa famille, il est sceptique à propos de la mort d'Abdelhamid, n'ayant pas vu son corps. Il a pourtant été tué par le RAID le 18 novembre 2015. Compliqué, donc, d'en savoir plus sur les projets de son frère. Tout juste l'étudiant a-t-il fendu l'armure et semblait ému lorsqu'une avocate de parties civiles lui a demandé ce qu'avait provoqué la perte de deux de ses frères.
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"Ma famille est brisée"
En effet, Abdelhamid avait kidnappé leur petit frère de 13 ans, Younes, pour l'emmener en Syrie. "Je vais répondre pour les victimes. Ma famille s'est brisée. On espère toujours le retour de mon petit frère. C'est surtout sa disparition qui nous a brisé le cœur, car il n'était pas responsable. C'est un tabou." Car le petit frère est présumé mort en Syrie. Mais cette information, aussi, laisse sceptique la famille Abaaoud. Le jeune homme qui ne sait rien ou presque consent à exprimer un peu de compassion. "Je suis désolé pour toutes les victimes [des attentats, NDLR], les personnes innocentes tuées dans les quatre coins du monde".