La firme Servier va bientôt connaître son jugement. Pour sanctionner le "choix cynique" d'un laboratoire ayant privilégié "ses intérêts financiers", le parquet de Paris a requis mardi soir plus de 8 millions d'euros d'amende contre le groupe et de la prison ferme contre son ex-numéro 2, jugés dans l'affaire du scandale sanitaire du Mediator. Mais pour les proches des victimes, ces réquisitions ne sont pas à la hauteur.
"J’attendais l’interdiction pour les laboratoires Servier de gérer un laboratoire en France"
"Le signal n’est pas assez fort pour les victimes et les citoyens qui sont concernés par cette affaire. J’attendais la peine complémentaire prévue par le Code pénal qui est l’interdiction pour Servier de gérer un laboratoire en France", réagit Lisa Boussinot, dont la mère est morte des conséquences de la prise de ce médicament durant des années. Retiré du marché en 2009 et prescrit à environ cinq millions de personnes pendant les 33 ans de sa commercialisation, le Mediator - présenté comme un adjuvant au traitement du diabète mais largement détourné comme coupe-faim - est tenu pour responsable de centaines de décès, comme celui de la mère de Lisa Boussinot.
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Des indemnités à près de 500 millions d'euros ?
"Je pense que ça aurait été une manière forte de condamner ce qui s’est passé et faire en sorte que cela ne se reproduise plus à l’avenir", rappelle la jeune femme. Un regret pour les parties civiles, qui pour compenser le plafond des amendes prévues par la loi, demande des indemnités de plus de 500 millions d’euros pour les victimes. Un montant proche des 579 millions d’euros de chiffre d’affaires perçut par les laboratoires Servier grâce au Mediator sur toute sa période de commercialisation.