Les deux accusés n'ont jamais autant parlé. Après deux semaines de procès et à la veille des réquisitions et plaidoiries, Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf se sont livrés à la cour jeudi matin. Une première après les multiples rebondissements de ce procès où les deux accusés sont jugés pour le meurtre de Fiona décédée en 2013 à cinq ans.
Une matinée qui avait mal commencé. La matinée avait pourtant mal commencée jeudi matin aux assises du Puy-de-Dôme. Après l'intervention, mercredi soir, du bâtonnier Frédéric Franck, qui préside le Conseil de l'Ordre du Barreau de Clermont-Ferrand, en raison de l'obstruction répétée des avocats de Cécile Bourgeon, le climat était tendu. Moins d'une heure après l'ouverture de la séance, peu après 11 heures, Cécile Bourgeon avait promis de garder le silence jusqu'à la fin du procès. Sur le banc des accusées, elle restait muette.
#Fiona questionnée par le président Bourgeon "je décide de garder le silence jusqu'à la fin de ce procès". Elle se rassoit
— Salomé Legrand (@Salome_L) 24 novembre 2016
C'est donc à son ex-concubin, Berkane Makhlouf, que toutes les questions sont adressées. Une situation qui énerve l'avocat de Berkane Makhlouf et pousse l'avocat général à reconnaître que ses questions étaient destinées à Cécile Bourgeon. Mais, malgré cela, le beau-père de Fiona se met à parler et à répondre aux questions. Il s'interroge alors sur le rôle de son ex-concubine dans la mort de la fillette. "Si ce n'est pas moi, c'est peut-être Cécile", lance-t-il et finit par lâcher "elle (Cécile) peut péter les plombs".
Des échanges directs entre les deux accusés. S'adressant directement à Cécile Bourgeon, ce qu'il n'a que très peu fait depuis le début du procès, Berkane Makhlouf revient alors sur le bonheur que lui a apporté Fiona, il raconte le quotidien avec la petite fille morte alors qu'elle n'avait que cinq ans. "On jouait au ballon dans le couloir, on faisait la course et je la laissais gagner, j'ai son sourire dans ma tête", dit-il. "J'accepte la prison parce que l'on a menti, j'accepte la prison parce que l'on a fait l'enterrement nous-mêmes", lance-t-il à la cour avant d’insister "mais, je ne suis pas un bourreau d'enfant".
Après cette tirade, Cécile Bourgeon, qui avait pourtant promis de garder le silence, se lève et entame un long monologue. La mère revient sur ses grossesses, la naissance de Fiona et de ses deux autres enfants. Elle se souvient de tout. "Elle était très intelligente, c'était ma fierté, j'avais réussi à l'élever", se souvient-elle. Elle revient ensuite sur l'enterrement de la petite fille en forêt. "On n'est jamais retournés à l'endroit, on est partis sur un coup de tête", explique-t-elle. "L'endroit il n'était pas prévu", poursuit-elle avant d'assurer une nouvelle fois ne pas s'en souvenir. "C'est triste à dire, mais je ne sais plus, je ne sais vraiment plus où est Fiona".
#Fiona "on n'est jamais retournés sur l'endroit, on est partis sur un coup de tête l'endroit il était pas prévu"
— Salomé Legrand (@Salome_L) 24 novembre 2016
S'en suivent de longues minutes d'échange, plus ou moins tendu, entre les deux accusés. Dans la salle, on aurait envie de croire Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf, mais le doute et le malaise restent omniprésents. Et pour cause, la mère et son ex-compagnon restent beaucoup plus vagues sur les causes de la mort de l'enfant. "C'est peut-être les médicament", marmonne simplement Cécile Bourgeon. Et alors que cette matinée est la dernière des débats, l'impression que le procès ne fait que commencer est bien présente.