L'affaire est une grosse épine dans les relations entre la France et la Russie. La Cour d'appel de Paris rend mardi sa décision dans l'affaire de la faillite du pétrolier Ioukos. Cinq actionnaires du groupe russe sont convaincus que la faillite a été organisée par le Kremlin. Cinquante milliards de dollars (37 millions d'euros) ont été engloutis et les actionnaires demandent la saisie de biens russes, notamment en France.
Le terrain de la cathédrale orthodoxe en ligne de mire. Une dizaine d'immeubles à Paris, dont deux hôtels particuliers qui abritent de célèbres agences de presse russes, ont déjà été saisis il y a trois ans. Les avocats de Ioukos ont aussi dans le viseur une splendide villa en Normandie, et surtout, symbole ultime, le terrain qui abrite la jeune cathédrale orthodoxe près du pont de l'Alma, à Paris. Le Kremlin a vu rouge, et a fait coller, en guise de parade, des plaques diplomatiques sur ces biens qu'il risquait de perdre. Moscou a ainsi fait valoir l'immunité pour sauver son patrimoine en France.
Victimes collatérales en France. Mais cette affaire de gros sous inquiète jusqu'à Ariane Espace, potentielle victime collatérale, qui a une dette de 300 millions d'euros auprès de son alter-ego russe pour des achats de lanceurs Soyouz. Elle a peur que cette créance ne soit aspirée par la justice française au risque de compliquer les relations spatiales plutôt prolifiques entre les deux pays.
Défi. C'est peu dire que le dossier Ioukos a tendu les liens franco-russes. On parle de pressions de Moscou, de menaces de rétorsion. L'affaire est des plus sensibles pour Paris, mêlée à cette histoire sans rien avoir demandé. Le défi à l'Elysée est de montrer de signes d'apaisement à Vladimir Poutine sans faire pression sur les juges français.