"J'ai vu un individu bondir sur mon scooter" : le propriétaire du puissant engin utilisé par Mohamed Merah lors des attentats de Toulouse et Montauban en mars 2012 a raconté jeudi les circonstances du vol du deux-roues devant la cour d'assises de Paris. Abdelkader Merah, 35 ans, le frère du djihadiste, est notamment accusé d'avoir "sciemment" facilité "la préparation" des crimes de son frère, en l'aidant notamment à dérober ce scooter.
Un témoignage corroborant l'idée d'un vol d'opportunité. Pour l'accusation, le vol du scooter pourrait avoir été prémédité par les deux frères, alors que la défense défend l'idée d'un vol d'opportunité, une thèse confortée jeudi le témoignage du propriétaire du scooter. Le 6 mars 2012, a expliqué cet ancien gestionnaire de patrimoine, il se rend en scooter avec sa femme dans un garage toulousain, pour récupérer la voiture de son épouse. Il se gare devant la porte vitrée du bâtiment, le temps pour sa femme de récupérer son véhicule et pour lui de régler la facture. Il est 16h43.
Il regagne alors son scooter mais s'aperçoit qu'il a oublié la facture. Il retourne au magasin et laisse les clefs sur le contact, son casque et ses gants. À ce moment, il voit à travers la porte vitrée un individu bondir sur la moto, faire un virage à 180 degrés et disparaître.
"Le traceur n'a jamais fonctionné". À 16h47, il alerte à la société Traker pour signaler le vol et localiser l'engin, en vain. "Les juges m'ont indiqué que le traceur n'a jamais fonctionné", a-t-il confié. Ignorant ce dysfonctionnement, Merah s'est rendu dans un magasin de moto pour se renseigner sur la possibilité d'enlever un traceur, prétextant vouloir repeindre un scooter. C'est notamment cette visite qui a permis à la police de remonter sa piste, après ses sept assassinats de Toulouse et Montauban. Une reconstitution a démontré que les clefs laissées sur le scooter pouvaient être vues d'une voiture passant devant le garage.
Abdelkader Merah présent ce jour là. Abdelkader Merah a reconnu avoir été présent lors des faits, aux côtés de son frère et d'un troisième homme, selon lui, un certain Larbi Bey, dont il n'a livré le nom qu'après son assassinat en août 2014. Ils se rendaient en voiture à un autre garage. Mais il conteste avoir été au courant des intentions de son frère, qui lui aurait soudain demandé de se garer, aurait disparu de sa vue avant de réapparaître quelques instants plus tard aux commandes du scooter volé. Abdelkader a ensuite suivi son frère vers une résidence où le scooter a été provisoirement garé.