La cour d'assises de Paris a poursuivi mercredi le récit par la police de la traque de Mohamed Merah entamé la veille par un commissaire, qui a suscité l'émoi en reprenant la thèse du "loup solitaire", alors même que le frère du "tueur au scooter" est jugé pour "complicité". Abdelkader Merah est accusé par la justice d'avoir "sciemment" facilité la préparation des assassinats de trois militaires ainsi que de trois enfants et un enseignant juifs à Toulouse et Montauban en aidant notamment son frère à dérober le scooter utilisé lors des tueries.
La thèse "du loup solitaire". La surprise est venue mercredi de l'intervention à la barre du premier policier à témoigner dans le cadre des auditions des enquêteurs ayant conduit la traque du tueur, abattu le 22 mars par des policiers d'élite du Raid dans son appartement. Ce policier a repris mardi soir à son compte la thèse de l'action d'un "loup solitaire", développée à l'époque par les autorités pour justifier les difficultés de l'enquête et qui a, depuis, été remise en cause, notamment par les magistrats instructeurs.
"Merah a choisi seul ses cibles, a fait seul ses repérages et commis seul ses crimes", a estimé le commissaire Eric Voulleminot, ex-sous-directeur chargé de la lutte contre le terrorisme à la Direction centrale de la police judiciaire, seul policier à avoir accepté de témoigner sans réclamer l'anonymat.
"Votre témoignage peut conduite à un probable acquittement". "Comment expliquez-vous alors qu'Abdelkader Merah soit renvoyé devant cette cour pour complicité ?", lui a demandé Me Olivier Morice, avocat de la partie civile. "Il ne m'appartient pas de me prononcer sur une décision judiciaire", a éludé le policier, aujourd'hui numéro deux de la Direction centrale de la police judiciaire. "Vous vous rendez compte que votre témoignage peut conduire à un probable acquittement des accusés", lui a lancé Me Jean Tamalet, représentant une partie civile.
"Nous pensons qu'un loup solitaire peut avoir été aidé notamment dans sa formation et sa préparation, mais en l'espèce, Mohamed Merah a bien agi seul au moment où il a perpétré les meurtres, pour le repérage et le ciblage des victimes", a insisté le policier, provoquant la colère de l'avocate générale.