Convoqué la semaine dernière, il avait fait faux bond à la cour. Mais Serge Ayoub, figure de l'ultra-droite, s'est bel et bien présenté au procès Méric, mardi midi. Décontracté, visiblement satisfait de pouvoir s'exprimer, l'ancien chef des skinheads parisiens, témoin clé du dossier, a livré une explication idéologique à défaut de fournir des réponses à la justice.
Indifférence envers les parties civiles. Fondateur du groupuscule d'ultra droite Troisième voie, et soupçonné d'avoir joué un rôle de "mentor" auprès des trois accusés, Serge Ayoub a dû être recadré par la présidente Xavière Simeoni à plusieurs reprises. Car entre insolence envers la cour et indifférence affichée à la présence des parties civiles, l'homme de 54 ans a surtout cherché à justifier la violence des skinheads impliqués dans la rixe qui a coûté la vie à Clément Méric. Selon lui, les accusés n'ont fait que se défendre face à des militants antifascistes provocateurs, dans une "bousculade".
La croix gammée, "pour ces gamins", "ça veut juste dire 'va te faire f*****', c'est pas plus grave que ça", a notamment lancé le quinquagénaire. "Et vous savez quel est le logo des JNR (le service d'ordre de Troisième voie, ndlr) ? C'est le même que celui de l'Elysée, il n'y a pas plus républicain que ça !", a-t-il osé.
Un mentor pour les accusés. "Je pense que personne n'a été surpris", a réagi la mère de la victime, Agnès Méric, interrogée par Europe 1 après l'audience. "Tout le monde s'attendait à entendre ce que l'on a entendu. Ça n'a peut-être pas apporté grand-chose au fond, mais peut-être que chacun peut se faire une meilleure représentation de ce que c'est que Troisième Voie, les JNR et leur leader", a-t-elle estimé, qualifiant l'attitude du témoin de "bouffonnerie". "Mais on sait qu'il attire des jeunes dans sa mouvance. Il est dangereux, point."
C'est en effet au Local, le bar associatif d'Ayoub, que la bande des skinheads s'est réfugiée après la bataille. C'est aussi l'ancien leader d'extrême droite qui a été immédiatement appelé par Esteban Morillo, auteur présumé des coups de poing mortels. Alors même si les accusés veulent manifestement prendre leurs distances avec cet ancien mentor, l'audition a laissé peu de place au doute quant à l'aura et l'influence de Serge Ayoub sur ces jeunes à l'époque des faits.