Les syndicats ont critiqué mercredi le projet de loi contre le séparatisme comme étant "déséquilibré", la CGT dénonçant un texte "punitif" et la CFDT estimant qu'il peut être porteur de réponses "incomplètes et problématiques", lors d'une audition à l'Assemblée nationale. Devant la commission spéciale de députés chargée d'examiner le projet de loi qui sera au menu de l'Assemblée nationale à partir de début février, Frédéric Sève, secrétaire national de la CFDT, a estimé que ce texte "confortant le respect des principes de la République" part d'un constat "juste".
Mais, a-t-il ajouté, les réponses "peuvent être incomplètes et problématiques", la CFDT regrettant notamment que la question de l'islam en France "sous-jacente au débat autour de cette loi", ait "tendance à être traitée sous l'angle réducteur de la vigilance à l'islam radical". Comme les autres organisations syndicales, il s'est dit "nuancé" quant à l'article 1er prévoyant l'extension du devoir de neutralité aux salariés des entreprises délégataires de service public, estimant qu'il va falloir "un travail de précision".
"Un texte fourre-tout qui ne correspond pas à son titre", selon la CGT
Dans la foulée, Nathalie Verdeil (CGT) a souligné que son syndicat était "évidement favorable à la lutte contre la montée des intégrismes", mais a dénoncé "un texte fourre-tout qui ne correspond pas à son titre, ni aux intentions données dans les présentations médiatiques". Ce texte "est globalement punitif", "son approche sécuritaire et idéologique est dangereuse car il ne s'attaque pas aux racines du problème et le risque est de renforcer un sentiment d'exclusion d'une partie de la population", a-t-elle ajouté, jugeant aussi le texte "pas assez précis" sur le volet de la neutralité.
FO, par le biais de Roxane Idoudi, a aussi jugé "bien sûr indispensable" d'agir pour "protéger tout un chacun", mais s'est dite "attentive, attachée et engagée à la défense sans cesse de la démocratie et des libertés", Gérard Mardiné (CFE-CGC) invitant aussi à trouver "le juste équilibre".
Cyril Chabanier, président de la CFTC, a estimé que "l'intention de ce texte est plutôt légitime", mais a jugé à son tour qu'il "manque un certain équilibre". "Il pourrait être perçu en l'état de sa rédaction comme essentiellement répressif, c'est ce qui nous pose problème", a-t-il poursuivi. Même constat d'un texte "déséquilibré" pour Benoît Teste (FSU), selon lequel "on risque fort de cibler une pratique religieuse, de la stigmatiser", tandis qu'Emilie Trigo (Unsa) a fait état d'"interrogations" sur la nécessité même de légiférer.