La fronde contre le projet de loi Travail, menée par la CGT et Force ouvrière, change de forme, mais aussi d'intensité cette semaine. Après le secteur pétrolier, la grève doit se concentrer dans les transports. Surtout, elle est annoncée comme illimitée dans deux entreprises de taille, la SNCF et la RATP. Prévisions trafic, point sur les négociations, etc. : Europe 1 résume les informations de ce mardi.
Les principales infos à retenir :
- La grève dans les transports débute mardi soir à la SNCF, avant d'être étendue à la RATP puis aux aéroports.
- Un cap a été franchi puisque le mouvement de grève est annoncé comme illimitée à la SNCF et à la RATP.
- François Hollande a réitéré mardi son refus de retirer le projet de loi Travail.
Qui fait grève aujourd'hui ? L'appel à la grève ne concerne aujourd'hui que la SNCF, et ce à partir de 19 heures. Les trois premiers syndicats contestent à la fois la loi Travail et la renégociation de leur temps de travail. Environ 60% des TGV, 40% des Transiliens, le tiers des Intercités et la moitié des TER circuleront, selon un communiqué publié par la SNCF, mardi matin.
Le mouvement sera-t-il suivi ? Il est encore trop tôt pour le dire. La mobilisation n'a cessé de reculer au cours des sept précédentes journées de grève à la SNCF et la CFDT, qui représente environ un quart des conducteurs de trains, s'est désolidarisée du mouvement lundi. La CGT promet toutefois "une grosse mobilisation". Et surtout, le mouvement est cette fois-ci illimité : si la SNCF peut facilement remplacer les grévistes les premiers jours, elle aura du mal à tenir sur la longueur.
Quelle est la situation dans le secteur pétrolier ? Les automobilistes ont de moins en moins de difficultés à faire le plein : seules 20% des stations-service connaissent des difficultés partielles ou totales, a annoncé mardi l'Union française des industries pétrolières (Ufip). De même, quasiment tous les dépôts pétroliers ont été débloqués. En revanche, les raffineries restent impactées : quatre sont arrêtées, deux tournent au ralenti et seules deux fonctionnent normalement. Or, ce blocage des raffineries commence à poser des problèmes à toutes les filières qui dépendent de la pétrochimie : la production de matériaux de construction et de plastique est à l'arrêt dans certaines régions.
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Une sortie de crise est-elle possible ? Pour les opposants à la loi Travail, la mobilisation ne s'arrêtera que lorsque le gouvernement renoncera à ce texte. Ce qui semble mal parti : François Hollande a réaffirmé que "le projet de loi ne sera pas retiré" dans un entretien à Sud-Ouest mardi. "Reculer" serait "une faute politique" qui donnerait "un boulevard à la droite", a renchéri Manuel Valls mardi midi. La bataille est néanmoins loin d'être terminée : outre la fronde de certains syndicats, le gouvernement va devoir défendre son texte au Sénat à partir de mercredi.
Pour tenter d'affaiblir le mouvement, l'exécutif s'ingénue à empêcher toute jonction en répondant aux revendications catégorielles : les intermittents n'auront pas à subir les économies redoutées, les cheminots sont en passe de conserver leur régime spécifique, les routiers ont obtenu une dérogation à la loi Travail, les enseignants viennent de se voir promettre des augmentations salariales, tout comme les fonctionnaires, etc.
Et le patronat dans tout ça ? Le Medef a cessé de débattre du contenu de la loi pour passer aux petites phrases polémiques : Pierre Gattaz a comparé lundi les syndicats à des "terroristes". Depuis les critiques pleuvent, y compris de la part de la ministre du Travail, et la CGT a annoncé mardi qu'elle allait porter plainte pour diffamation. Pour reprendre la main après ce dérapage, le Medef a appelé mardi les entreprises touchées par les blocages liés à la fronde contre la loi travail à porter plainte pour "délit d'entrave à la liberté du travail".
D'autres grèves sont-elles prévues ? Oui, tout au long de la semaine. Pour les Franciliens, de nouvelles difficultés sont à prévoir à la RATP à partir de jeudi, avec un appel à la grève "illimitée" de la CGT. Tous les syndicats représentatifs de l'aviation civile ont également appelé à la grève de vendredi à dimanche, même si le conflit n'est pas directement à la loi Travail. Tout n'est cependant pas joué puisque de nouvelles négociations doivent avoir lieu jusqu'à jeudi. Le principe d'une grève "longue" a également été voté à Air France contre la baisse des rémunérations des pilotes.
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