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Pierre Herbulot, édité par Ugo Pascolo
Le nombre d'inscrits aux concours de l'enseignement a encore baissé de 10% entre 2019 et 2020, sur fond d'une tendance lourde depuis plusieurs années. Mais moins de candidats signifie également des concours plus simples et donc des professeurs qui n'ont pas forcément le niveau requis pour se retrouver devant des élèves. 

Ils sont de moins en moins nombreux à vouloir devenir professeur. Alors qu'ils sont mobilisés contre la réforme des retraites et la nouvelle formule du bac, les profs ne font plus rêver leurs élèves. Le nombre d’inscrits aux épreuves de l’agrégation et du capes, sésames pour devenir professeur dans le second degré, a baissé de près de 10 % entre 2019 et 2020. Une tendance lourde depuis 20 ans qui touche de plus en plus de matières, et qui fait craindre une baisse généralisée du niveau des enseignants. 

Des concours avec moins de candidats, plus simples

Allemand, lettres classiques ou encore lettres modernes. Vous ne voyez pas le lien entre ces trois matières, elles ont pourtant un chiffre en commun : la moitié des étudiants inscrits aux concours de l'enseignement dans ces domaines l'an dernier sont devenus profs. Un taux de réussite exceptionnel qui est tout sauf une bonne nouvelle puisqu'il est directement lié au faible nombre de candidats. "Lorsque le nombre de candidats diminue, la qualité aussi puisque, la sélection entre eux est moindre", explique au micro d'Europe 1 Patrick Rayou, professeur en sciences de l'éducation. 

Des professeurs d'un moins bon niveau 

Une diminution des candidats qui a un impact presque immédiat sur les élèves, "s'il y a moins de [profs] titulaires, on va les remplacer par des contractuels qui ont un bagage plus faible, et pas nécessairement de formation", détaille le professeur. S'en suit alors un cercle vicieux : "plus on va multiplier ces interventions épisodiques et précaires, plus on peut penser que ça va continuer à dégrader l'apprentissage des élèves, puisqu'au bout du compte, c'est quand même ça qui est important". Des élèves mal formés avec, donc, un niveau insuffisant, qui pourront plus facilement se retrouver en face d'une classe. 

Une situation d'autant plus inquiétante que le phénomène prend de l'ampleur, et des matières jusque-là épargnées comme la SVT - Science de la vie et de la terre - ou les SES - Sciences économiques et sociales - voient aussi leur nombre d'inscrits aux concours chuter. Un syndicaliste du milieu affirme même au micro d'Europe 1 que "l'Éducation nationale est parfois obligé de choisir entre un étudiant avec six de moyenne, et un intérimaire qui a raté le précédent concours."