Lundi débute la 20e semaine pour l'emploi des handicapés. Depuis 1987, la loi impose aux entreprises de plus de 20 personnes d'employer des travailleurs handicapés, à hauteur de 6% de leurs effectifs. Mais beaucoup ne respectent pas ce taux et s'en exonèrent en versant des pénalités à l'Agefiph (l'association de gestion du fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées, ndlr). Résultat : aujourd'hui, le taux de chômage des handicapés est deux fois plus élevé que celui des personnes valides (18% au lieu de 9,6%).
Mettre en valeur des compétences particulières. Malgré tout, certaines entreprises mettent en place des actions volontaristes et défrichent de nouveaux espaces. C'est le cas d'Auticonsult, une société de services informatiques créée il y a 1 an. Sa particularité ? Elle propose à ses clients des consultants autistes porteurs du syndrome d'Asperger. La plupart ont en effet des compétences très prisées dans le domaine de l'informatique.
Deux fois plus rapides que les autres. Une force de concentration hors du commun et une capacité à identifier des codes parmi de très grosses masses de données, voilà les deux qualités qui intéresse Arnaud Ulian, le directeur de l'une des unités de la branche recherche et développement d'EDF. Depuis deux mois, dans son équipe de développeurs, Elie, 27 ans, un autiste porteur du syndrome d'Asperger, relève ce défi sous l’œil admiratif de son patron. "Il développe deux fois plus vite que les personnes que nous avons employées jusqu’aujourd’hui, même nos ingénieurs. En deux semaines, il a optimisé le code pour diviser les temps de calcul par dix", rapporte Arnaud Ulian à Europe 1.
Un travail d'encadrement. Elie n'est pas salarié d'EDF. Il est consultant, envoyé en mission par Auticonsult, qui a fait ce pari de promouvoir auprès des entreprises la capacité de travail exceptionnelle des consultants autistes qu'elle emploie. Mais pour que tout se passe bien, il faut que l'arrivée du consultant soit préparée, et que l'équipe accueillante maîtrise certains codes. "Parfois cela tient à des petits détails, comme une difficulté à serrer la main ou à accompagner ses collègues à la machine à café. Ce sont des situations banales mais qui peuvent mettre à l’écart ces personnes et leur poser des problèmes relationnels", explique William Cunche, le directeur d'Auticonsult.
Un consultant chez EDF, un autre dans une société aéronautique, etc. À la fin de l'année, quatre autres autistes, employés par Auticonsult, auront trouvé une mission.