Après deux mois et demi de fermeture, les parcs et jardins ont rouvert samedi à Paris. Presque simultanément, Alain Baraton, le jardinier en chef du château de Versailles, sort le 3 juin un livre dédié à tous ces espaces verts parisiens, intitulé Mes jardins de Paris et publié aux éditions Grasset. Du parc des Buttes-Chaumont au jardin de l'Élysée, il dévoile au micro d'Europe 1 quelques secrets sur les poumons de la capitale.
Le passé sanglant du parc des Buttes-Chaumont
Si aujourd'hui, le parc des Buttes-Chaumont est l'un des jardins les plus fréquentés de la capitale, il traîne, par exemple un passé très sombre derrière lui. Pour Alain Baraton, il s'agit d'"un lieu qui a été construit dans un endroit improbable, le pire endroit de la capitale". En effet, au début du siècle dernier, "on y enterrait des cadavres en quantité".
La mort, sous toutes ses formes, s'était emparée de ce jardin. "C'est aux Buttes-Chaumont que l'on avait dressé le gibet de Monfauçon. On y exécutait tous les condamnés à mort", indique Alain Baraton, qui dresse la liste de tous les événements macabres qui s'y sont produit. "Il y a eu aussi des combats et des suicidés", dit-il, en précisant que "le grand pont qui surmontait le lac était appelé dans les années 1900 'Le pont des suicidés'".
Le Jardin des plantes ou le cimetière des victimes de Landru
Le Jardin des plantes a, lui aussi, un passé peu glorieux. Notamment parce qu'il possède des liens troubles avec le célèbre tueur en série Landru. "Les victimes de Landru reposent dans le Jardin des plantes à un endroit encore inconnu", révèle-t-il. "Un expert du Muséum d'histoire naturelle avait été désigné par le tribunal pour expertiser les cendres [des victimes]. Il l'a fait et a gardé la pièce à conviction chez lui alors qu'il était logé dans le Jardin des plantes", affirme Alain Baraton.
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Le sort de ces cendres aurait été décidé au moment de départ à la retraite de ce spécialiste. "Il a, en connivence avec le jardinier en chef, enterré des victimes de Landru sous un support" aujourd'hui disparu, raconte Alain Baraton.
Un hôtel à insectes et des ruches dans le jardin de l'Élysée
Dans la capitale, existent aussi des jardins interdits au public, comme le parc de l'Hôtel de Matignon qui s'étend sur "trois hectares" et qui peut être visité seulement lors de rares occasions. "Ces jardins de ministères montrent que finalement, la République s'est accaparée des biens de la monarchie. Tous les grands palais d'État aujourd'hui sont des anciennes demeures aristocratiques", assure le jardinier en chef du château de Versailles.
Alain Baraton cite ainsi le parc du ministère de l'Agriculture, ou encore celui de l'Environnement, qui abritent des "jardins magnifiques", selon lui. Parfois, ces parcs accueillent aussi des trésors de biodiversité. "L'Élysée possède sur sa pelouse l'un des plus gros platanes de Paris, un petit hôtel à insectes et quelques ruches", dévoile Alain Baraton.
Le doyen des arbres parisiens dans le square René Viviani
Si les vastes jardins parisiens réservent de nombreux secrets, les squares et avenues ne sont pas en reste. Alain Baraton souligne par exemple que l'avenue Foch possède "700 arbres" sur ces contre-allées. Autre anecdote : le square René Viviani, situé dans le 5e arrondissement de Paris, en bord de Seine, "abrite le plus vieil arbre de Paris", selon le jardinier. Il s'agit d'un "robinier", plus communément appelé acacia.
"Il a été planté il y a 400 ans par Jean Robin, l'homme qui lui a donné son nom", affirme-t-il. "Vous imaginez si cet arbre qui est situé juste à côté de Notre-Dame de Paris pouvait évoquer tout ce qu'il a vu ?", interroge le jardinier. "Imaginez les histoires qu'il aurait à nous raconter..."