"Les mineurs représentent la proportion la plus importante des personnes accueillies par les Restos du Cœur, soit 38%". Ce chiffre, révélé par Patrice Blanc, président des Restos du Coeur, au micro de Wendy Bouchard témoigne de l'importance de la pauvreté chez les plus jeunes, aux côtés du sociologue Serge Paugam et d'Olivier Noblecourt, qui a piloté le plan pauvreté présenté hier par Emmanuel Macron. Les trois spécialistes reviennent sur les mesures dévoilées par le président pour lutter contre la précarité chez les enfants.
La cantine à un euro. Alors qu'un Français sur cinq aurait des difficultés pour se nourrir au quotidien, la précarité alimentaire est le premier signal d'une spirale du dégradation du niveau de vie. "C'est l'alerte la plus importante", confirme le président des Restos du Cœur. C'est dans cette optique qu'Emmanuel Macron a annoncé dans son plan pauvreté l'accès à la cantine scolaire à un euro. "Nous allons aider les communes fragiles, les petites communes, à mettre en place une tarification sociale pour qu'au maximum, à un euro, on puisse proposer un accès à la cantine, dès le 1er janvier 2019", détaille Olivier Noblecourt. "Nous allons aussi travailler également à la mise en place d'un petit-déjeuner pour toutes les écoles de France qui le justifient. Les équipes éducatives vont avoir des moyens pour mettre en place cette mesure".
L'exemple finlandais. Mettre l'accent sur la pauvreté des enfants est certes une nouveauté en France, mais ce n'est pas le cas partout. "On a réfléchi ces dernières années à la pauvreté des enfants, on y est plus sensible, et c'est représentatif de ce qui se fait depuis de nombreuses années dans les pays nordiques, notamment en Finlande", dévoile Serge Paugam. "On y considère qu'intervenir très tôt de façon préventive, c'est de l'investissement social. Et le plan pauvreté d'Emmanuel Macron va dans cette direction. [...] En Finlande, on ne met pas seulement l'accent sur l'enfant, on pense aussi la relation entre les parents et les enfants. Et ça c'est très important, d'autant que les familles vivent dans des conditions de grande pauvreté. Donc donner l'accès à la cantine et à un petit-déjeuner aux enfants alors qu'ils n'ont pas de quoi vivre chez eux est une mesure forcément limitée", avance le sociologue.
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"Et travailler sur la relation parents-enfants me semble être la bonne direction : on voit que les Finlandais pensent l'accueil des mères : on va les accueillir dans des endroits où elles sont avec leurs enfants. On va créer du collectif avec les mères, elles vont faire des gâteaux avec leurs enfants qui jouent à côté par exemple. On investit sur les enfants, mais on prend en compte la question globale".
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Une maîtrise de la langue moins poussée. Au-delà de l'aspect alimentaire, la pauvreté fait aussi des ravages sur la maîtrise du Français. "On sait qu'à quatre ans, un enfant défavorisé a un écart de pratique langagière de 1.000 heures et 1.000 mots à l'entrée au CP selon l'origine sociale", indique Olivier Noblecourt. "Il faut donc agir le plus tôt possible", martèle-t-il. Un constat que l'on retrouve également dans le plan pauvreté d'Emmanuel Macron qui a annoncé un bonus financier aux communes des quartiers prioritaires qui construisent de nouvelles places en crèches pour permettre aux familles pauvres d'y avoir accès.