La France ne fait pas vraiment figure de bonne élève. Selon les résultats de l'enquête Pisa 2015 de l'OCDE, qui évalue tous les trois ans les connaissances et compétences des élèves de 15 ans, la France se situe à la 27e place, derrière le Royaume-Uni, l'Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique ou l'Irlande. Pire, la France est la championne des inégalités sociales à l'école. Et pour essayer d’endiguer ce phénomène, la ministre de l’Education nationale Najat Vallaud-Belkacem doit annoncer des mesures-pilote mardi. Europe 1 s’est donc interrogé : quelle est la bonne recette en matière de mixité sociale à l'école ?
Un bon exemple de mixité. Prenons tout d’abord un exemple assez idyllique, au Collège Arthur Rimbaud à Amiens. On peut dresser un premier constat : la réussite passe d'abord par l'emplacement du collège. L'établissement est situé au milieu des tours, en zone d'éducation prioritaire de la banlieue nord. Mais ce collège a été totalement reconstruit il y a 12 ans et déplacé de 800 mètres. Cela peut paraître anodin mais ça change tout : le collège est désormais situé sur le trajet d'une ligne de bus, mise en place spécialement pour les adolescents. Avec à la clé 20% des élèves qui viennent désormais chaque matin des quartiers de centre-ville.
Tous les matins, Ethan prend ce bus. Cet élève de 6e est ravi de son collège. "Il y a beaucoup de mixité", explique-t-il. "Il y a tout le monde, les noirs, les métisses, les blancs. Il y a des intelligents mais aussi ceux qui sont plus en difficulté. Il y a beaucoup d’aide. Moi, par exemple, je suis tuteur pour ceux qui n’y arrivent pas trop en maths".
Des efforts qui se répercutent sur les résultats. Entre les professeurs motivés et le travail en petits groupes, ce collège s'est refait une réputation. Et ce n’est pas le principal, Michel Gamain, qui va dire le contraire. Il a même constaté ces progrès dans les résultats. "Au dernier brevet des collèges, on est arrivé aux alentours de 88% de réussite", s’enorgueillit-il. "Certes, il y a toujours 12% d’élèves qui n’arrivent pas à l’obtenir mais la dynamique est positive et l’ensemble des élèves est tiré vers le haut".
Le même collège pour la même ligne de transport. Mais malheureusement, on ne peut pas construire un collège neuf à la frontière de plusieurs quartiers partout. Ça coûte cher et il faut des terrains constructibles. Du coup, en ville, on imagine d’autres solutions. On peut faire en sorte que les enfants qui habitent le long de la même ligne de transport aillent dans le même collège. Cette solution fonctionne très bien au Danemark.
Plusieurs choix d’établissements et l’administration tranche. Autre mesure envisagée, et normalement présentée mardi par la ministre de l’Education nationale Najat Vallaud-Belkacem : proposer aux familles le choix entre plusieurs collèges du quartier. Mais dans ce cas, et quand il y a trop de candidats pour un même établissement, c'est l'administration qui tranche en fonction des revenus des parents. Cette mesure est déjà en projet dans certains quartiers parisiens ou lyonnais pour la rentrée 2017. Mais il existe un frein à cette dernière solution : les familles n'acceptent pas toujours qu'on puisse leur imposer un établissement sur des critères sociaux.